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Je n'ai pas couru l'UTMB mais je mérite quand même une médaille en chocolat ;-) |
Pou résumer mon sentiment d'après course, il y a d’un côté la satisfaction d’être allé au bout, avec un temps et un classement que je ne n’imaginais pas accessible, et de l’autre, il y a la déception d’être passé tout près d’un top 100, la faute à un coup de barre en fin de course.
L’avant course
Mercredi, jour d'arrivée à Chamonix, je récupère mon dossard. Entre l’attente sous le cagnard (merci à Camelbak d’avoir installé une fontaine à eau), le contrôle du matériel, le retrait proprement dit du dossard, ou encore la remise du tee-shirt, il faut bien compter en tout 1h. Je suis également aller faire un petit tour sur les stands du salon, mais le soleil de plomb dissuadait de s’y éterniser.
Jeudi, une seule chose à faire, aller chercher à Genève mon assistante sur la course, à savoir ma maman. C’est l’occasion d’une micro-balade dans la ville afin de voir le lac Léman et son célèbre jet d'eau. Le reste de la journée est passé à glandouiller dans la chambre d'hôtel. Le soir, méga plat de pâte et coucher dans la foulée.
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Vue bien sympa depuis le balcon de la chambre d'hôtel |
Mercredi matin, afin d’éviter tout stress de dernière minute, j’arrive vers 7h30 à Courmayeur pour un départ à 9h00. Ce n’est pas précisé explicitement sur le site de l’UTMB (ou alors j’ai mal vu), mais il y a trois sas de départ qui dépendent du numéro de dossard. Bonne nouvelle, je suis dans le premier sas, ce qui devrait m’éviter les embouteillages du début de course.
La course
Le départ est donné et contrairement à beaucoup de traileurs je n’hésite pas à marcher dès les premières rampes à la sortie de Courmayeur. Rapidement, le chemin se rétrécit et devient un quasi-single sur lequel il n’est pas facile de doubler. Des petits groupes se forment, et certains coureurs plus lent ont la sportivité de laisser passer les autres. Merci à eux. Ces ralentissements sont peut-être une bonne chose, m’évitant de partir trop vite.
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Quelques minutes avant le départ |
La première descente s’annonce mal. Très mauvaises sensations, l’impression d’avoir une jambe droite en bois. De surcroît, je me foule légèrement la cheville gauche.
Dans la montée vers le grand col ferret, il fait chaud, si chaud, que je me retrouve à cours d’eau un peu avant le sommet. Je prends la décision de remplir une flasque à un abreuvoir, quitte à prendre le risque d’une intoxication plutôt que celui d'une déshydratation.
La descente qui suit est particulièrement longue. Dans la première partie, la plus pentue, des coureurs me doublent. Par contre, passé le ravitaillement de la Fouly (42ème km), la pente s'adoucit, les sensations sont meilleurs et je dépasse plus d'une dizaine de concurrents.
Passé Champex-Lac (56ème km), je me sens toujours bien, et désormais confiant dans ma capacité à terminer. L'atmosphère de la course n’est plus la même, il fait moins chaud, la nuit arrive et surtout, pour la première fois depuis le départ, je me retrouve seul. Par contre, le parcours est désormais en partie connue pour l’avoir couru l’année dernière lors de l’OCC (la montée finale est différente). En termes de classement, je suis dans les 100 premiers depuis la Giète et c'est tout à la fois stimulant et stressant.
Jusqu’au col des Montets (85ème km), les sensations sont bonnes, mais je vais rapidement déchanter dans la terrible montée de la tête aux vents. Il y a bien sûr la fatigue, mais cette ascension m’a quand même semblé sensiblement plus dure que les autres. Il y a des marches particulièrement hautes à passer, quand ce ne sont pas des blocs rocheux. Deux arrêts pour me reposer et m’alimenter n'y changeront rien, des coureurs continuent de me doubler. A la tête aux vents, on m’annonce 98ème. Le chemin en descente qui mène à la Flègere est particulièrement technique, et avec une nouvelle foulure à ma cheville gauche et des muscles en compote, ma vitesse est celle d'un escargot.
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Tout ça pour une immonde doudoune sans manche ... |
La descente finale vers Chamonix est comme l’année dernière lors de l’OCC un véritable chemin de croix. Je n’avance plus et me fais encore doubler. Finalement, je termine en 17h03 à la 117ème place. Le top 100 est loupé pour 21 minutes (j'aurais été environ 30 minutes plus lent que les coureurs avec qui j'étais jusqu'au col des Montets).
D'un point de vue plus général, la chaleur a fait des dégâts avec un taux d'abandon de 34% (1,386 finishers pour c. 2,100 coureurs au départ).
Sensations d’après course
Arrivée à 2h00 du matin à Chamonix et malgré l’effort produit, il m'est difficile de trouver le sommeil. Il y a bien sûr l’excitation de la course mais également mes jambes qui sont en feu. J’ai tellement chaud aux cuisses qu’il m’est impossible de rester sous la couette. Je m'endors finalement vers 3h30 du matin.
Musculairement, c'est étonnant mais toutes les contractures ont disparues au bout de 4 jours. Par contre, une fatigue générale s'est installée et les longues nuits de sommeil se sont enchaînées pendant une semaine. La (mauvaise) surprise est venue de mes doigts de pieds avec une perte de sensibilité qui a duré plus d'une semaine. Pourtant mes ongles ne sont pas devenus noirs, et ils ne sont pas tombés non plus.
Coté alimentation, j’avais clairement plus envie de salé que de sucré, sans toutefois avoir de dégoût comme cela était le cas pendant de la course.
Le débriefing
Pèle-mêle d’idées et de remarques.
Il existe surement des courses plus belles que la CCC, moins chères et moins bling-bling. Néanmoins, l’UTMB a une grande force : la formidable ambiance dans Chamonix. Durant toute la semaine, la ville est remplie de trailers (7,500 sur l'ensemble des courses) et on l'a sent vivre à la mesure des différentes courses. Le gérant de l’hôtel où je résidais m’a d’ailleurs confié que c’était sa semaine préférée.
Il était impératif pour un coureur des plaines comme moi d'aller faire une préparation en montagne. Je n'imagine même pas dans quel état musculaire j'aurais terminé sans cette préparation spécifique.
A la réflexion, un choix judicieux serait de dormir à Courmayeur la veille du départ et d’y retirer également son dossard.
Il a fait chaud, très chaud et j’ai repris à mon compte une technique observée chez Sylvain Court l’année dernière à l’OCC : mettre la casquette entière dans l’abreuvoir remplie d’eau et se la déverser sur la tête, c’est particulièrement efficace pour se rafraîchir !
J’ai eu l’impression que certains coureurs s’arrêtaient sensiblement plus longtemps que moi au ravitaillement. A posteriori, je ne sais toujours pas si j’aurais du m’arrêter plus longuement ou pas.
J’ai commis l’erreur de ne remettre qu’une seule fois de la Nok (à Champex-Lac) alors que je pense qu’il aurait été préférable de le faire à chaque ravitaillement de la seconde partie de course. En outre, j’ai eu la flemme en début de course de retirer immédiatement un petit caillou dans ma chaussure. Ce fût une belle erreur, une ampoule est apparue, et s’est élargie tout au long de la course.
J’ai beaucoup bu, toutefois, néanmoins mon ventre ne s’est pas bloqué et je n’ai pas eu à vomir. Par contre, j’ai été écœuré des barres Gerblé et Décathlon. A l’inverse, le Coca-Cola, pourtant très sucré, est toujours bien passé, tout comme les gels.
Aussi bien d’un point de vue logistique que moral, il est nécessaire d’avoir une assistance personnelle tout au long des différents ravitaillements. Mon assistante a parfaitement joué son rôle, merci maman !
Même si j’ai vécu des émotions fortes durant cette course, j’ai été un petit peu déçu de ne pas avoir d’hallucination (!). Par curiosité, j'aurais aimé voir ce que cela faisait.
Si je peux me permettre d’adresser quelques remarques / conseils à l’organisateur :
- Contrôle de l'équipement obligatoire : vu les micro-sacs de certains, j’ai de gros doutes sur la présence de tout le matériel obligatoire. Des contrôles ciblés s’imposent !
- Heure de départ : deux fois que je participe (OCC en 2015), deux fois qu’il fait chaud et deux fois la même rengaine des organisateurs : emportez plus d’eau. Mais nous faire partir plus tôt ne serait-il pas plus pertinent ?
- WC : j’ai constaté quelques déjections à même les chemins de la course. Comme sur la Saintélyon, l’organisateur devrait prévoir des WC pour les coureurs à certains ravitaillements (si des WC sont prévus, je ne les ai pas vu).
Un grand nombre d’asiatiques était présent sur les différentes courses de la semaine. Les drapeaux sur leur dossard permettaient de voir qu’ils venaient principalement du Japon, de la Chine, et de la Corée du Sud.
J’ai reconnu quelques people de la course à pied : (i) Sébastien Chaignaud, croisé au salon de l’ultra-trail, (ii) Cyril Cointre, facilement identifié au départ de la CCC avec sa tenue jaune fluo WAA (il abandonnera à La Fouly) et (iii) Sylvain Camus (team Garmin), présent comme simple spectateur juste avant le ravitaillement de Trient.
What’s next ?
J’ai couru la CCC pour me prouver que j’étais capable de terminer un trail de 100 km en montagne, mais le plaisir était bien moins présent que sur un marathon ou une Santélyon. Me concernant, la montagne s'apprécie d'avantage comme randonneur que comme coureur.
Il ne faut jamais dire jamais, mais il est très peu probable de me voir un jour au départ de l’UTMB. Même s’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis !