Ayant eu l’opportunité de m’entrainer une dizaine de jours à au Kenya dans le cadre de ma préparation au marathon de Berlin, j’ai souhaité faire partager mon expérience au travers du bref récit qui suit.
Précisément, je suis allé à Iten, la mecque de la course à pied au Kenya, où j’ai séjourné au HATC, le centre d’entrainement de Lornah Kiplagat (
http://www.lornah.com/).
Altitude
Le HATC se situe à 2 400m d’altitude, ce qui implique une période d’acclimatation d’environ 1 semaine pendant laquelle il ne faut pas forcer sur l’entrainement. Personnellement, j’ai constaté que ma fréquence cardiaque augmentait très fortement dès que j’allais au-delà du seuil ou que la route s’élevait. En outre, les vitesses ne doivent pas être comparées avec celles au niveau de la mer, c’est facilement 20 secondes de plus au kilo.
Bénéfice
L’entrainement en altitude a bien évidemment comme objectif une amélioration des performances au niveau de la mer. Un athlète finlandais (2:17 au marathon) m’a indiqué qu’il quantifiait le gain de vitesse sur marathon à 10 secondes par kilomètre, ce qui fait quand même 7 minutes sur l’ensemble de l’épreuve !
Toutefois pour bénéficier de ce « free-boost », il convient de respecter quelques règles :
Le séjour en altitude doit être dans l’idéal d’au minimum 18 jours (12 jours seulement pour moi) ;
La période favorable pour performer est (i) soit le jour de la redescente, (ii) soit entre J+10/12 et J+25. Entre J+2 et J+10/12, le corps doit se réadapter et me concernant, j’ai constaté un état de fatigue prononcé (probablement également lié au contrecoup de l’augmentation sensible de ma charge d’entrainement).
Courir avec les Kenyans
Courir avec les Kenyans est le titre d’un livre écrit par Adharanand Finn, un anglais qui est réellement venu vivre à Iten pendant 6 mois avec sa famille. Je recommande la lecture de ce livre avant un séjour pour s’imprégner du contexte local. Pour l’anecdote, j’ai eu le plaisir de rencontrer l’un des personnages du récit, Japhet, qui a très gentiment accepté de me dédicacer le livre.
Cadeau
J’avais apporté des stylos et des vêtements pour les donner dans une école. Même si je me suis senti un peu honteux de la simplicité de mes présents, ils ont été appréciés. Donc, n’hésitez pas, même des choses simples font très plaisir.
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Une salle de classe à Iten |
Climat
Présent début septembre, j’ai constaté la transition entre d’un coté, le mois d'août plutôt pluvieux et froid et de l’autre, le mois d'octobre, ensoleillé. Compte tenu de l’altitude, les températures ne sont jamais très élevées (jamais plus de 25°c pendant mon séjour) même si le soleil tape fort. En outre, il y a toujours un peu de vent et une fois le soleil tombé, les températures baissent rapidement - des affaires chaudes sont donc nécessaires.
Entrainement
Les conditions d’entrainement sont idéales : beau mais pas trop chaud, un réseau de chemins en terre sans circulation et qui n'agresse pas le système articulaire, une salle de gym et une piscine au HATC, une nourriture saine et équilibrée, que peut-on demander de plus ?
Sinon, le leitmotiv est simple s’entrainer, manger, dormir, puis à nouveau s’entrainer, manger, dormir, puis à nouveau…
GPS
Pas de souci, les montres GPS fonctionnent parfaitement, permettant de conserver à jamais la trace de ses foulées kenyanes.
Internet
Le HATC dispose d’une connexion wifi. Toutefois, sa rapidité , les coupures (d’internet ou de courant) font qu’il ne faut pas espérer se connecter tous les jours. Mais, est-ce un mal ?
Joie de vivre
Les conditions de vie des kenyans sont très rudimentaires et interpellent. Néanmoins, il est frappant de voir la joie de vivre des enfants, tous contents de vous dire « awareyou » ou encore des kenyans qui viennent spontanément à votre rencontre pour simplement discuter.
Kerio view
Deux lieux à Iten proposent des hébergements selon des standards « occidentaux » : le HATC où je séjournais et le Keirio View. Les deux accueillent des athlètes mais le Keiro view est plus « haut de gamme ». C’est là que viennent notamment séjourner Yohann Kowal et Bob Tahri.
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Vue depuis la terrasse du Keiro view |
En outre, la vue depuis le restaurant sur la vallée du rift est à couper le souffle, c’est donc un endroit « à faire » au moins une fois.
Kalenji
Non, ce n’est pas uniquement la marque de running de Décathlon. C'est en premier lieu le groupe de population dont la quasi-totalité des grands coureurs kenyans sont issus.
Langue
Les deux langues officielles du Kenya sont le swahili et l’anglais. Les kenyans parlent en plus une langue propre à leur groupe ethnique qui le plus souvent n’a rien en commun avec le swahili.
Muzungu
Le muzungu c’est le blanc en swahili. Quand vous croisez des enfants en campagne, les premiers mots que vous entendez sont souvent « Muzungu, Muzungu ! » puis « Awareyou ? » (i.e. « how are you ? »). Vous pouvez alors répondre « Jambo ! » (bonjour).
Nourriture
Au HATC, il ne faut pas s’attendre à un choix digne des buffets du Club Med. Pas de fromage, un dessert le plus souvent constitué de pastèques ou de quartiers d’orange. Néanmoins, ces repas simples sont équilibrés, avec des produits locaux et 100% bio.
Par ailleurs, ne pas hésiter à gouter l’ugali, parfois présenté comme le secret des kenyans. Préparé à partir de millet bouilli, avec un goût peu prononcé et servi sous forme d’une pâte compacte, l’ugali se mange facilement. L’apprécier fera en outre très plaisir à vos hôtes Kenyans.
Piste d’athlétisme
Dans l’attente d’une piste en dur (prévue pour fin 2013), les coureurs fractionnent sur la cendrée du Kamariny stadium. Le meilleur moment pour voir les coureurs est le mardi matin où telle une noria, des groupes jusqu’à plus d’une vingtaine de coureur enchainent les tours.
Je me suis amusé à chronométrer des séries de 800m, le temps au tour était de l’ordre 61/62 secondes - Pas mal à 2400m d’altitude.
Rencontres
S’entrainer à Iten, c’est l’opportunité de faire des rencontres impossibles par ailleurs. Pour ma part, j’ai eu la chance de séjourner au HATC au même moment que deux grands athlètes :
Ryan Hall (
http://en.wikipedia.org/wiki/Ryan_Hall_(runner)), détenteur à ce jour du record non officiel des Etats-Unis du marathon (2:04). C’est à la fois un athlète brillant dans son sport et intelligent (il est diplômé de Stanford) ;
Guor Marial (
http://en.wikipedia.org/wiki/Guor_Marial), marathonien au parcours personnel peu commun. Son pays, le Soudan du Sud, n’étant pas affilié au mouvement olympique lors des JO de Londres, il a couru sous le drapeau du CIO.
Malgré mon niveau à des années lumières du leur, ils ne m'ont pas pris de haut, j’ai pu discuter avec eux à différentes reprises (de tout et de rien).
En outre, j’ai pu voir s’entrainer Wilson Kipsang et Moses Masai et surement beaucoup d’autres grands coureurs que je n’ai pas reconnu. Pour l’anecdote, Kipsang a participé tout comme moi au marathon de Berlin deux semaines plus tard, et a battu le record du monde à cette occasion (2:03:23). J’ai donc vu s’entrainer le détenteur du record du monde, so what else ?
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Wilson Kipsang à l'entrainement |
Sécurité
Nairobi a très mauvaise réputation, par contre, la situation est toute autre à Iten. Les quelques occidentales présentes au HATC n’avaient aucune appréhension à courir seule.
Transport
Pour aller à Iten depuis Nairobi, deux possibilités :
Soit en matatu (i.e. taxi de brousse). Les conditions étant très sommaires (routes pas toujours en bon état, véhicule surchargé), cette option économique est à réserver au vrai routard ;
Soit via un vol intérieur Nairobi-Eldoret. C’est l’option que j’ai retenu. Le vol est court (moins de 45 minutes) et implique ensuite un trajet d’environ 45 à 60 minutes entre Eldoret et Iten (transport pour ma part géré par le HATC en bus privatif).
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Tout juste sorti de l'aéroport, premier panneau que je vois |