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un parcours magnifique |
Je me suis présenté au départ de cet ultra (120k) dans des conditions si défavorables que je doutais vraiment de mes chances de finir. Parti lentement, dans les derniers, je termine honorablement en 20h (297ème sur 1.614 partants et 1.240 finishers).
Alors que je devrais être déçu d'avoir mis 2 heures de plus que mon objectif, je ne ressens aucune déception, et c'est même plutôt le contraire, satisfait d'avoir relevé un défi improbable.
La préparation : Pas top
Comme l’année dernière, il m’a bien fallu 3 à 4 semaines pour digérer le marathon de Paris et avoir ré-envie de m’entraîner avec de gros volumes. Sauf que contrairement à Leadville en 2023, le Lavaredo ne se déroule pas en août mais en juin, d’où une préparation trop courte pour correctement préparer l’événement. En conséquence, j'y suis allé sans grosse ambition, juste terminer dans un chrono acceptable, et surtout évoluer dans des montagnes magnifiques.
L’avant course : Stress maximum
Sachant que la course partait le vendredi à 23h, je devais initialement prendre l'avion la veille pour arriver vers 23h00-23h30 à mon hôtel de Cortina. C’était déjà un timing serré, sauf que mon avion a été annoncé avec d’abord une 1 heure de retard, puis 2 heures (ce qui aurait fait arriver vers 1h00-1h30 du matin), pour être finalement annulé.
J'ai immédiatement regardé les vols du lendemain matin pour Venise (aéroport le plus proche de Cortina) et ils s’affichaient à 1.500 euros puis 2.200 euros 10 minutes plus tard. Voyant un vol pour Milan à un prix raisonnable, je l'ai réservé sachant que cela impliquait ensuite plus de 5 heures de voiture.
Le jour du départ de la course, je me suis donc levé à 5h15 pour prendre l'avion pour Milan. Sauf que bien entendu, l’avion a eu du retard, et ma valise est sortie après tout le monde. Sur la route, c'était très chargé, avec de nombreux ralentissements, au point de douter d’arriver avant l’heure limite de retrait des dossards (19h). Pour perdre un minimum de temps, le déjeuner se résuma à un sandwich mangé tout en conduisant.
Arrivé à 17h45 à Cortina pour un départ à 23h, il fallait impérativement entre-temps (i) faire le check-in de la chambre, (ii) récupérer le dossard, et (iii) manger. J’ai réussi à m’allonger 1 heure et à dormir 30 minutes. La journée a été tellement stressante que j’avais l’impression d’être totalement vidé nerveusement, au point de me demander s’il était raisonnable de prendre le départ. En accord avec mon entraîneur, l’idée était au moins d’essayer, n'ayant rien à perdre, et de partir très lentement.
L'analyse de ma course
Les deux / trois premières heures furent pénibles avec une impression jamais ressentie, comme un flou dans ma tête, ce n’était pas des vertiges, mais une sensation de ne pas être bien. Finalement, la 2ème partie de la nuit s’est mieux passée, et j’ai ensuite enchaîné des périodes de bas et de mieux, comme c'est habituellement le cas en ultra. C'est à partir du 80/90ème kilomètres que je suis franchement rentré dans le dur, faisant d'ailleurs une vrai pause une fois arrivée au col Gallina, ce qui se voit dans le graphique ci-dessous sur le temps intermédiaire suivant (Rifugio Averau).
En termes de classement, ma stratégie de départ prudent s'est révélée bénéfique, avec une progression continue au classement. Une fois de plus, je réalise que l'on ne part jamais trop lentement sur ultra. A partir du Col Gallina, je pensais vraiment perdre beaucoup de places au classement, mais finalement les écarts étaient faits et j'ai limité la casse. La descente finale étant plutôt roulante, je me suis challenger à reprendre le plus de coureurs, me permettant de re-rentrer dans le top 300 (297 ème) comme le montre le graphique ci-dessous.
In fine, il est difficile d’être satisfait d’une course où je cote 553 à l'index UTMB, assez loin de mes plus hauts, et où je termine loin de l’objectif des 18 heures. Toutefois, au vu du contexte, il y a la satisfaction d’avoir su gérer / dépasser les difficultés, et en toute modestie, je suis fier de ce que j'ai fait.
Quelques enseignements
Les pieds
Tout s’est bien passé sur la première partie, mais sur la deuxième partie, une succession de petites erreurs (crème hydratante au lieu de mettre de la Nok, changement pour une semelle interne qui favoriserait les échauffements) a provoqué des ampoules, alors que musculairement j’ai été très bien jusqu’à la fin.
La nutrition
J'ai eu une sensation de dégoût pour les barres énergétiques dès les premières mastications, malgré avoir testé depuis le début de l'année un grand nombre de marques. Le seul aliment solide qui passait bien était les bananes.
Par contre, aucun problème avec tout ce qui était liquide, qu'il s'agisse de boisson (la mienne de chez Overstim ou celle de l’organisateur de chez Naak), ou de compotes Andros Sport, ou encore des nouveaux gels de chez Baouw.
La digestion
Pas de problèmes digestifs mais lorsque je comprends que je dois aller à la selle, j’ai franchement intérêt à y aller car je ressens quasi-instantanément un mieux.
Mon avis sur cette course : go for it !
Cette course est MAGNIFIQUE. Pour ma part, je la considère comme plus belle que l'UTMB. Je connaissais déjà les Tre Cime, mais d'autres parties du parcours sont tout autant magnifiques.
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de bon matin aux Tre Cime |
En point d'attention, je soulignerais l'importance pour un bon coureur de ne pas partir trop à l'arrière du peloton, car il y a pas mal de singles ou l'on est bloqué (et notamment dès la première descente).
Je dirais que le seul point négatif, c'est le transport, qui est long / compliqué depuis la France.