un parcours magnifique |
de bon matin aux Tre Cime |
un parcours magnifique |
de bon matin aux Tre Cime |
Cette première course de l'année 2024 était avant tout l'occasion de casser la routine des sorties hivernales, mais il était bien clair que je n'avais aucun objectif de performance. De plus, pris d'un rhum (encore !) les quelques jours avant, je n'étais pas dans des dispositions idéales.
Sur la course en elle-même, c'est la première fois que j'y participais. Elle a comme avantage d'être proche de chez moi (en forêt de Montmorency, en banlieue parisienne) et de proposer différents parcours le samedi et le dimanche, si bien que je me suis inscrit au 10k du samedi et au 30k du dimanche (il y a également un 10k de nuit le samedi et un 40k le dimanche).
En leader du pack ;-) |
Maxicross = Maxi boue
Ce n'est qu'une fois que l'on a participé à la Maxicross que l'on comprend mieux son nom. Cette édition 2024 était selon certains coureurs particulièrement boueuses, avec quelques portions qui ressemblaient plus à du patinage artistique, surtout pour ma part qui n'avait pas pris des chaussures assez crantées. Des Salomons Speedcross (ou équivalant) étaient probablement le bon choix, mais je n'en n'ai pas ...
Oups, j'ai coupé le parcours (et deux fois !)
Le tracé s'amuse à nous en faire prendre le plus grand nombre possible des petites côtes de la forêt, si bien qu'il y a parfois des virages à 90 degrés, voir en épingle. Cela demande une certaine attention, car on peut facilement louper une bifurcation. En toute bonne foi, j'ai involontairement coupé le parcours lors des deux courses. La 1ère fois, j'étais seul, et d'autres coureurs m'ont ensuite accusé d'avoir coupé (mais je vous jure, je n'ai pas fait exprès !) et c'est comme cela que je m'en suis aperçu. La 2ème fois j'étais avec d'autres coureurs et personne du groupe ne s'en est aperçu sur le moment (NB : la 1ère fois, je suis allé me signaler auprès du chronométreur qui m'a répondu que je n'étais pas le seul dans ce cas).
En vert, le parcours officiel du 10k En rouge, le raccourci pris (involontairement) |
En bleu, le parcours officiel du 30k En rouge, le raccourci pris (involontairement) |
Un résultat "pas trop mauvais"
Sans affûtage et sortant d'un rhum, le résultat n'est pas trop mauvais, terminant :
Rue principale de Leadville |
Le parcours = un aller-retour entre Leadville et Winfield, avec un double passage à 3.750m (Hope Pass) |
Magnifique Cervin |
@ Tignes, avec Ugo Ferrari et Martin Gaffuri |
Ken Chlouber prêt à donner le départ avec son fusil - J'étais juste à coté de lui ! |
Dans la montée de Hope Pass (photo prise lors de la reco) |
Au sommet de Hope Pass, coté Winfield (photo prise lors de la reco) |
Mission accomplie, la big buckle est « in the pocket » 😊 |
Après une première participation en 2021 où je m'étais efforcé de finir malgré de douloureuses ampoules aux pieds, j'aspirais à prendre ma revanche, avec un résultat en 2022 au-delà de mes espérances, passant sous les 30 heures, soit 7 heures de mieux que l'année passée (!). Pour faire une comparaison, je dirais qu'il y a le moins de 3h sur marathon et le moins de 30h sur UTMB : avec un tel chrono, on n'est clairement pas une star, mais on a déjà un niveau honorable. Il m'est certainement possible de faire mieux, mais contrairement à l'année dernière, cela me suffit désormais.
Au-delà du résultat, et contrairement à 2021, j'ai eu la double satisfaction (i) d'avoir été à l'aise et de prendre du plaisir pendant les 120 / 130 premiers km, et (ii) de réussir à courir les parties roulantes, même après 100 km. Cet UTMB m'a permis de me réconcilier avec cette distance - ça valait le coup de réessayer !
Débriefing à l'arrivée avec le coach |
Le déroulé de la course
Mal placé au départ
Juste avant le départ, je dépose mon sac d’allègement pour Courmayeur et constate tous les sacs déjà présents dans le gymnase. Je comprends alors que je risque d'être très mal placé au départ, ce qui fut exactement le cas ... Les 300/400 premiers mètres furent particulièrement "chiant", avec une succession de ralentissements, puis une file compacte de coureurs jusqu'aux Contamines, sans toutefois avoir l'impression de perdre beaucoup de temps. Sachant que j'étais 712ème au col de Voza, je devais vraisemblablement être aux alentours de la 1.000ème place au départ.
A mon sens, les organisateurs devraient mettre en place un 2ème sas, en plus de celui des élites, pour les coureurs ambitieux (par exemple indice UTMB > 600). Cela fluidifierait grandement le peloton, et ce serait aux bénéfices de tous. J'ai du mal à comprendre l'intérêt pour un coureur lent de ce mettre juste derrière les élites et de se faire doubler de façon continue sur les premiers kilomètres.
A noter que les conditions météo ont été quasiment parfaites tout au long de la course. Pendant toute la semaine, la pluie était annoncée pour la nuit, mais finalement pas une goutte, et surtout ni trop chaud en journée et ni trop froid durant la nuit.
Sur les premières heures, les sensations physiques ne sont pas mauvaises, je suis dans les temps sans forcer, mais bizarrement la tête n'y est pas. Je n'ai pas envie de courir et je me pose même la question d'abandonner. Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi mon cerveau raisonnait de la sorte. Puis finalement, après les Contamines, tout est redevenu dans l'ordre mentalement.
Mon autre inquiétude sur ce début de course, c'est l'alimentation. Mon assistance ne pouvait pas se rendre aux Contamines, car tous les tickets de navette avaient été vendus (carton rouge à l'organisation sur ce point) et j'avais fait le choix de déposer la veille sur le parcours, caché sous des cailloux, mon ravito pour la nuit. Sauf qu'en course, j'ai été incapable de le retrouver. A-t-il été découvert ? Ai-je cherché à un mauvais endroit ? Pris de stress, je ne me suis pas attardé, si bien qu'en arrivant aux Contamines, j'ai fait main basse sur les mini-sneakers et les mini-mars pour ne pas me retrouver en hypoglycémie au milieu de la nuit. Ces bombes à sucres rapides n'étaient pas l'idéal mais cela à quand même fait l'affaire !
Des Contamines (31 km) à Courmayeur (80 km) : tout en gestion
Tout le monde le dit, la course commence à partir de Courmayeur, et aller trop vite avant, c'est la quasi-certitude de vivre des moments durs sur la 2ème partie de course. Comme mentionné précédemment, j'avais imprimé tous mes temps de passage et aux Chapieux, après 7h de course, j'étais à la minute près dans mes temps de passage, et à Courmayeur, j'avais "seulement" 16 minutes d'avance sur mon plan de marche. Surtout, j'avais l'impression de ne pas forcer et d'être beaucoup plus "frais" qu'en 2021.
De Courmayeur (80 km) à Champex (126 km) : jusqu'ici tout va bien
Cette section comporte de nombreuses parties roulantes où j'ai réussi à courir, et sans forcer je me suis constitué un petit pécule qui ira jusqu'à près de 1h d'avance.
Au terme de cette 2ème participation, je réalise que l'UTMB est vraiment une épreuve hybride. Il faut de la puissance pour les montées et les descentes, mais il faut aussi des qualités de coureur pour avancer à bon rythme sur les parties roulantes. Me concernant, j'ai toujours manqué de puissance, que cela soit en vélo ou en course à pied, et sur cet UTMB, je me suis souvent fait doubler en montée, mais par contre, sur le plat, j'en ai aligné plus d'un ;-)
Dans les quelques péripéties de course, mon assistance est arrivée trop tard à Champex, ayant perdu du temps à trouver le départ de la navette dans Orsières (accès à Champex fermé pour les voitures). Franchement, cela n'a pas été préjudiciable pour la suite.
De Champex (126 km) à Vallorcine (153 km) : il faut maintenir l'avance
Je sais que la dernière partie à compter de tête-aux-vents m'est particulièrement défavorable, et qu'il me faut absolument conserver de l'avance sur mon tableau de marche. En conséquence, je scrute systématiquement mes temps de passage, et j'arrive presque à conserver mon heure d'avance, alors que je commence à être mis en difficulté, ce qui parait normal après 130 km de course.
Parallèlement, les problèmes gastriques débutent, avec du dégoût pour la nourriture solide et ayant l'impression que mon corps ne l'assimile plus.
Vue sur Trient (au milieu) et le col de la Forclaz (à droite) |
De Vallorcine (153 km) à Chamonix (171 km) : à moi le sub-30h
A la sortie de Vallorcine, j'ai la conviction que sauf défaillance ou blessure, je devrais largement passer sous les 30h. Toutefois, cette section m'est particulièrement défavorable, trop raide, trop technique, surtout qu'avec la fatigue et la nuit, je perds de la lucidité dans ma lecture du terrain.
Comme à chaque fois à cet endroit (CCC 2016, UTMB 2021, UTMB 2022), je me fais doubler. Au passage, je ne vois aucun plaisir dans cette section, et même plutôt du danger, avec un terrain où il est impossible de courir mais où il est par contre très très facile de se tordre une cheville. Pourquoi ne pas emprunter le même parcours qu'au marathon du Mont-Blanc, qui mène également à la Flègère ?
Pour situer mon temps de cette année sur cette section, je l'ai comparé à ceux précédents :
Néanmoins, mon chrono de 2022 est lent. A titre de comparaison, un coureur qui était avec moi à Vallorcine à l'UTMB 2022 a mis 3:04 sur cette section, soit 39 minutes de moins que moi ...
Après des arrivées à deux heures du matin ou plus sur la CCC, la TDS et l'UTMB, je termine enfin pas trop tard (un peu après 11h du soir) et c'est clairement beaucoup plus sympa, avec encore de l'ambiance dans les rues de Chamonix.
Quelques éléments d'analyse
Le graphique ci-dessous montre mes écarts de temps par rapport à mon plan de marche pour terminer en 30 heures. On voit bien le départ conforme au plan, la constitution d'un matelas de sécurité en début de 2ème partie de parcours, puis le ralentissement sur la fin.
Sinon, pas de chance pour moi, je claque mon chrono l'année où la densité des coureurs sur le haut du classement est la plus forte de ces dernières éditions. Par exemple, Ugo Ferrari met 1 heure de moins qu'en 2021 (23:38 vs 24:35), et pourtant termine moins bien classé (26ème vs 18ème). Il y a eu moins d'abandons cette année chez les élites, peut-être notamment de part les conditions météos très favorables. Tout cela n'a pas fait mes affaires, car avec le même chrono et fonction des années, j'aurais pu terminer dans le top 100, comme le montre le graphique ci-dessous.
Années non reprises dans le graphique : course annulée en 2010 ; parcours raccourci en 2012 ; parcours modifié en 2017 ; parcours modifié en 2018 ; course annulée en 2020
Deux anecdotes
Hoka est là !
Hoka est devenu le sponsor titre de l'épreuve, et c'était quasi-impossible de ne pas s'en rendre compte. D'une part, leur boutique à l'entrée du village des exposants était juste énorme, et d'autre part, ils ont installé une animation lumineuse juste avant Notre-Dame-de-la-Gorge, où les coureurs devaient passer dans des cerceaux lumineux. C'était amusant.
Quasiment toute l'épreuve avec un même coureur
Du col de la Seigne jusqu'au pied de Tête-aux-Vents, j'ai fait la course avec un même coureur, sauf que nous n'avions pas exactement les mêmes qualités. Il me mettait la misère en montée et en descente, et j'arrivais à recoller sur les parties plates et en étant plus rapide aux ravitos. Il a déménagé de la Bretagne pour Chambéry et m'a indiqué que les activités comme le ski de randonnée l'avaient clairement aidé à passer en cap en trail. Je sais ce qu'il me reste à faire 😊.
What's next ?
Pour moi, et en toute modestie, il s'agit d'un aboutissement, et je n'ai pas l'intention de me tourner vers des épreuves du type Tor des Géants ou la Petite Trotte à Léon. Pourquoi pas refaire un UTMB, car je sais désormais que je peux y prendre du plaisir, mais ce ne sera pas à court terme, n'ayant pas de running stones. Cela pourrait être également un 100 miles plus roulant, comme les Américains savent le faire. J'ai une attirance pour Leadville mais mon coach m'a chauffé pour la Western State, me disant que j'étais chanceux au tirage au sort et qu'il avait un plan pour moi pour ne pas subir la chaleur. On verra ...
Sinon, dès lundi j'étais de retour au travail et il parait que j'avais la tête de quelqu'un de fatigué. Surprenant, non ?
Tout de même un peu fatigué après cet UTMB .... |
Cette MaXi Race était le premier "vrai" rendez-vous en vue de l'UTMB. Même si la course de Chamonix fait le double de distance, c'est quand même 88km et 5.000m de D+, avec plus de douze heures d'effort pour ma part. De surcroit, et avec un départ à 2h50, la privation de sommeil est aussi un premier entrainement pour la nuit blanche qui m'attend sur l'UTMB.
Pour aller à l'essentiel, je termine en 12h25 à la 79ème place au général (8ème en Master 1) sur environ 1.200 partants / 1.000 finishers :
Sur la course en elle-même, franchement, je la recommande. Les vues sur le lac, surtout en 2ème partie de parcours, sont magnifiques, et ce d'autant plus quand la météo est de la partie comme cela était le cas. Le tracé est varié avec du roulant, du technique, et du plus ou moins raid. Ce trail a été critiqué par le passé pour ses bouchons, mais pour ma part je n'ai eu aucun problème. Par ailleurs, c'est très bien balisé, et des bénévoles sont présents à de nombreux carrefours.
2h20 du matin : prêt à partir ! |
Le fait marquant de ma course aura été d'être plus à l'aise dans les descentes que dans les montées, ce qui est tout le contraire de mes qualités habituelles. Cela m'a vraiment étonné.
Pour les montées, il y a à la fois un manque d'entrainement avec les bâtons dans des pentes raides, et à la fois un mauvais pacing, en ayant probablement trop forcé dans la montée de Montmin.
Pour les descentes, j'ai encore du mal à y croire. Celle vers Villards-Dessus est vraiment "méchante", et aucun coureur ne m'a doublé, au contraire j'en ai doublé plusieurs. En début de descente, un relayeur m'a doublé mais a calé 10 minutes plus tard, le redépassant (ahahah !). Après cette descente, un segment de plat suivait, et j'ai pu courir normalement et recoller à deux autres coureurs. Ce scénario s'est reproduit dans la dernière descente où personne ne me double et où je reprends un concurrent à 2 km de l'arrivée (yes !).
Les explications plausibles sont :
En fin de parcours, dans le Mont Veyrier |
Concernant les autres points qui m'ont marqué :
La façon la plus simple de quantifier une performance en trail est de regarder l'index UTMB, et là c'est plutôt la déception. Avec 647 points sur la MaXi-Race, c'est moins bien que :
Bien content d'arriver ! |
Annecy, une ville qui donne envie d'y vivre ! |
J'étais venu sur cette course pour faire une sortie longue, et après deux heures à un rythme tranquille, je me suis pris au jeu, remontant quelques concurrents, pour terminer 4ème ... mais premier Master 1, yes !
Les 5 premiers du classement, dont moi 😉 |
Quelques statistiques :
Classement complet ici
Evolution de mon classement :
Mon lot de 1er vétéran : une bouteille de jus de pomme et un filet garnis 😊 |
Le trail Glazig se déroule en Bretagne, avec des courses le samedi et le dimanche, et des classements cumulés possibles. Pour ma part, j'aurais aimé faire le défi du Goëlo avec 20k le samedi soir et 26k le dimanche matin, mais c'était déjà complet plusieurs mois à l'avance. Par défaut, je me suis rabattu sur le 20k le samedi et le 12k le dimanche, sachant qu'il n'y avait pas de classement cumulé pour ces deux épreuves.
Après avoir attrapé le Covid fin décembre, j'ai du m'arrêter pendant 3 semaines, la faute à une grosse fatigue, si bien que je me présentais sur la ligne de départ avec seulement 2,5 semaines d'entrainement, j'envisageais de courir en mode entrainement, mais in fine, mon orgueil de coureur a repris le dessus ;-)
Mon classement à chacune des courses n'a rien d'extraordinaire, mais à la vue du peu de volume d'entrainement, ça me parait tout à fait convenable et surtout j'ai désormais la quasi-certitude que la fatigue du Covid est bien derrière moi - ouf !
Concernant les courses, je les ai trouvées bien organisées, et avec différentes distances le samedi et le dimanche, chacun peut construire son week-end à la carte.
Concernant les parcours, il y a des passages sympa avec notamment le port de Bicnic, la plage, le chemin des douaniers, et le tunnel où passe un ruisseau.
Je suis parti prudemment, voulant à la base faire une sortie longue, mais bloqué dans le paquet, avec des arrêts forcés sur un single, j'ai décidé d'accélérer au bout du 5ème kilomètre. Cette accélération aurait du être ponctuelle, juste pour me replacer, mais j'ai oublié de remettre le frein à main, et en toute modestie j'ai effectué une belle remontée. Au 10ème kilomètre, j'étais 79ème, et à l'arrivée 43ème, soit 36 coureurs repris sur la 2ème partie de courte, pas mal ! Je me suis amusé à déterminer le classement sur ce 2ème 10k, et je me classe 15ème.
Temps : 1:39:40 (vainqueur en 1:30:12)
Classement : 43ème sur 615 (10ème en M1)
Comme la veille, je suis parti prudemment, sauf que là ce n'était pas volontaire, c'est juste que mes jambes ne pouvaient pas aller plus vite ! Après 4 kilomètres à allure modérée, les sensations étaient meilleures, et j'ai pu reprendre bon nombre de coureurs, pour terminer presque au même classement que la veille (42ème versus 43ème).
Temps : 59:38 (vainqueur en 42:05)
Classement : 42ème sur 511 (5ème M1)
Oups, dossard à l'envers |
Tout ça pour une veste sans manche ... |
Avant d'en prendre le départ, je voyais l'UTMB comme un aboutissement, un accomplissement majeur dans mon parcours de coureur à pied. Après coup, j'ai la satisfaction d'avoir terminé, mais le chrono n'a pas été à la hauteur de mes espérances, et surtout je n'ai pas envie (pour le moment) de recommencer.
Ce post revient sur cette aventure en quatre parties :
Je termine cet UTMB en 36h40, soit au-delà de mon objectif entre 30 et 32h. En termes de classement, je termine néanmoins dans le premier tiers, à la 348ème place sur 1.520 arrivants (environ 800 abandons, soit plus d'un tiers des partants !).
Pour faire simple, ma course s'est déroulée en 3 actes :
Acte I : de Chamonix à Courmayeur (km 81), tout va (presque) bien
Sur la ligne de départ, je suis clairement rempli par l'émotion, avec la concrétisation d'un projet entrepris depuis plusieurs années. En toute franchise, la musique de Vangelis était à deux doigts de me mettre les larmes aux yeux.
Sur ce début de course, c'est vraiment l'ambiance qui m'a marqué. Que ce soit à Chamonix, à Saint-Gervais ou à Notre-Dame de la Gorge, l'ambiance était fantastique.
Mon erreur sur ce début de parcours a été de partir trop vite. J’avais déterminé des horaires théoriques de passage pour mon assistance sur les bases de 30-32h et je me suis retrouvé à avoir jusqu'à 1h d’avance. J'avais l'impression d'être à l'aise sur ce début de parcours, mais non, j'aurai dû me mettre encore un cran en dessous.
Les pyramides calcaires lors de la reco : magnifique mais technique |
Le passage marquant de ce début de course est celui de la descente des pyramides calcaires, effectuée dans un pierrier. J'avais reconnu ce segment début aout, et conscient de sa difficulté technique, je me suis appliqué à descendre avec la plus grande attention, afin d'éviter toute entorse. De ce point de vue, cela s'est bien passé, mais par contre, j'ai bien senti que les pieds chauffaient, et c'est là probablement le déclencheur de mes problèmes pour la suite.
La descente d'après vers Courmayeur et surtout sa 2ème partie avec ses nombreuses marches (après le col Checrouit), m'a fait comprendre que je commençais à être sérieusement entamé musculairement, ressentant de grosses raideurs dans les quadriceps.
Je suis arrivé à Courmayeur avec un trop bon classement pour mon niveau (111ème), et des premiers signes de fatigue.
Acte II : de Courmayeur (km 81) à La Fouly (km 113), le début des ennuis
Dans le gymnase de Courmayeur, l'affluence des spectateurs était réduite, normal il était 5h du mat ! Les temps d'arrêts étaient sensiblement différents d'un concurrent à l'autre. Pour ma part, entre se reposer un peu, se restaurer, se changer, se noker les pieds et faire la grosse commission, je suis resté 26 minutes. Cela m'a semblé beaucoup, et pourtant je gagne 3 places entre l'entrée et la sortie (de 111ème à 108ème). A titre de comparaison, François d'Haene s'est arrêté 5 minutes (!).
Dans la montée qui suit vers le refuge Bertone, je ressens une première grosse fatigue et plusieurs personnes me doublent. Mais c'est surtout après la montée, jusqu'à Arnouvaz que les ennuis vont vraiment commencer.
J'ai mal aux jambes, j'ai mal aux pieds, et il fait vraiment très froid. Pour la nuit, je m'étais bien couvert et une fois arrivée à Courmayeur, je me suis dévêtu, me disant qu'avec le lever du jour et le beau temps annoncé, les températures allaient monter. Le beau temps était effectivement au rendez-vous avec un beau ciel bleu, mais nous étions sur le versant à l'ombre, et surtout un fort vent glacial soufflait.
Cette section comporte de nombreux faux plats ou des descentes qui sont largement "courable". Mais je n'étais pas bien, et la sanction fut directe, me faisant passer par des wagons de coureurs, et rétrogradant de la 108ème place à Courmayeur (km 81) à la 151ème place à Arnouvaz (km 99).
Y avait du soleil mais, ça caillait après Courmayeur |
J'ai eu l'impression de m'arrêter longuement à Arnouvaz mais au final il en était de même pour tous, et dans la montée au Grand Col Ferret (km 103), je suis arrivé à aller presque aussi vite que les autres (seulement 4 places de perdues, 155ème).
Dans les 10km de descente jusqu'à la Fouly (km 113), je me suis forcé à courir afin d'arrêter de me faire doubler, et bonne surprise, ce fut 3 places de gagnées (152ème).
Acte III : de la Fouly (km 113) à Chamonix (km 172), en mode survivor
Arrivée à la Fouly, je craque et pleure quelques instants. Les douleurs aux pieds sont trop difficiles à supporter, je ne me vois pas continuer à courir et forcément cela pèse sur mon mental.
A la sortie du ravito, je réalise que j'ai oublié de me noker les pieds. Je m'arrête, retire mes chaussettes et découvre l'origine de mes douleurs : des ampoules remplies de sang, c'est la première fois pour moi. Je repars en me disant que je me ferais soigner à Champex, mais c'était une erreur, j'aurais du le faire dès La Fouly.
A partir de ce moment et jusqu'à la fin de la course, je ne vais quasiment plus courir, seulement marcher. Conscient que je vais être très lent, je rationalise l'effort à produire pour être finisher. Il me reste un peu plus de 50 km à parcourir et j'ai 24h pour le faire. Ca fait donc du 2km/h, aucune raison de s'inquiéter, je ne ferai pas le chrono espéré mais c’est parfaitement envisageable de terminer dans les délais.
Plusieurs personnes m'ont posé la question de savoir si j'avais pensé à l'abandon à ce moment-là, et bien, très honnêtement non. J'étais tellement programmé mentalement pour terminer l'UTMB, tellement obsédé par cette course, qu'il aurait fallu une blessure totalement invalidante pour me faire arrêter.
Arrivée à Champex-Lac (km 127), j'en profite pour enfin me faire soigner les pieds, et j'adresse d'ailleurs un très grand merci à l'équipe des podologues pour leur prise en charge, ils étaient aux petits soins. En pratique, ils ont retiré le sang, retiré de la corne, mis un pansement et noké le tout. Malheureusement, j'ai du me ré-arrêter par la suite à Vallorcine, les poches de sang s'étant reformées.
Sur cette fin de parcours, j'arrive à être aussi rapide que le reste du peloton en montée. Par contre, je me prends des "avoinées" sur le plat, les parties techniques et les descentes. C'est souvent des petits wagons de 3, 4 ou 5 coureurs qui me doublent. Ca m'énerve, mais comme mon seul but est de terminer, j'arrive à dédramatiser la situation. En termes de classement, c'est évidemment la dégringolade : 197ème à Champex (km 127) puis 289ème à Vallorcine (km 154).
Je n'avais pas l'intention de dormir et c'est finalement sur la fin de parcours que le problème va se poser. Je suis pris de somnolence à la sortie de Vallorcine et c'est dans la montée de la tête aux vents que je m'arrête 3 fois environ 1 minute pour faire des micro-siestes sur le coté du chemin.
La partie technique jusqu'à la Flégère ainsi que la descente finale vers Chamonix sont interminables (racines et cailloux étaient insupportables). Arrivé dans Chamonix, je prends mon temps pour terminer, laissant un coureur me doubler pour être certain d'être seul sur la photo d'arrivée ;-)
Arrivée à Chamonix à 5h40 du mat ... |
Evidemment quelques anecdotes
La fameuse bière d'après course .... à 6h du mat ! |
Pour avoir une vision fine de ma course, je me suis "amusé" à établir le classement segment par segment, tel qu'illustré par le graphique ci-dessous. Juste une remarque importante, ce classement intègre uniquement les coureurs ayant terminé l'épreuve. Ceci explique pourquoi je suis classé à Saint-Gervais 79 versus 134 au classement officiel (en d'autres termes, sur les 133 coureurs devant moi à ce moment de la course, 55 n'ont pas terminé !) :
Ce graphique confirme bien mon départ trop rapide et les premières difficultés à la sortie de Courmayeur. Par ailleurs, j'avais conscience d'avoir été lent sur la fin de parcours mais là je découvre que je suis dans les derniers, il était vraiment tant que cela se termine !
Cette course ne s'est pas déroulée comme prévu, et fort de cet échec, voici à mon avis tout ce qui n'a pas marché pour moi durant cette préparation, et de façon plus générale tout ce qu'il est important de savoir.
(i) L'inconnu d'une première fois
J'ai loupé mon premier marathon, j'ai loupé mon premier 100km en montagne et jamais deux sans trois, j'ai loupé mon premier 100 miles en montagne.
A mon sens, un 100 miles est vraiment différent d'un 100 km, et il est clair que l'expérience sur ce format est indispensable pour performer. Si je devais refaire un 100 miles, il y a plein de choses que je ferais différemment, mais il faut le vivre pour le comprendre.
(ii) Un parcours difficile, quoi qu'en disent certains
L'UTMB a la réputation d'être "roulant" et c'est plutôt vrai, même si deux (courtes) sections sont techniques, à savoir (i) la descente des pyramides calcaires qui s'effectue dans un pierrier et (ii) le passage entre tête aux vents et la Flégère, avec de la caillasse de partout.
Néanmoins, les descentes présentent des dénivelés importants, à même de vous "défoncer" musculairement. Sur ce point, et alors que j'avais beaucoup travaillé à l'entrainement, j'ai pourtant été rapidement mis en difficulté (dès la mi-parcours).
Les zig-zags correspondent à la montée bien raide de la Tête aux vents (photo lors de la reconnaissance du parcours en aout) |
(iii) La fatigue de la nuit
C'est pour moi l'énorme différence entre un UTMB et une CCC, car on attaque directement par une nuit blanche, et au petit matin, il reste encore 90km à faire. Sur ce point, la résistance à la fatigue me semble être un facteur de réussite au moins aussi important que les qualités de coureur.
(iv) Une préparation perfectible
A la réflexion, ma préparation comportait les points faibles suivants :
Pour finir, et au risque de me répéter avec des posts précédents, je pense que la meilleure façon de préparer ce type d'épreuve est de vivre à la montagne, afin d'être le plus adapté aux spécificités de ce terrain. D'ailleurs, vivre à la montagne serait le seul élément qui pourrait m'inciter à me ré-inscrire à ce type de course.
(v) Un pacing défaillant
On dit qu’il ne faut pas partir trop vite sur un ultra, mais je dirais plutôt qu’il faut partir lentement, très lentement. Sur cet UTMB, j'ai vraiment eu l'impression de partir "facile" (j'ai marché dès les premières côtes entre Chamonix et Les Houches) mais lorsque je compare à mon plan de course, j'ai pourtant eu jusqu'à 1h d'avance.
Ma recommandation est qu'il faut partir avec ses temps de passage sur soi et les vérifier toutes les 30 minutes pour le cas échéant se freiner.
(v) Des pieds mal préparés
J-1 : Préparation du matos |
Libéré d'avoir terminé l'UTMB, cela a été pour moi l'occasion de prendre du recul sur cette course et plus généralement sur ma pratique.
J'ai vraiment aimé la partie de la préparation faite en montagne avec des sorties de 30 à 40km. On a le temps de profiter des magnifiques paysages, et on est suffisamment remis d'un jour sur l'autre pour enchainer les sorties.
A l'inverse, j'ai pris peu de plaisir sur l'UTMB et je ne suis pas certain d'avoir les prédispositions pour un jour en prendre. Je pense notamment qu'il faut avoir des super qualités musculaires de résistance pour enchainer les descentes et être capables de courir un maximum de section. Je pense qu'il faut également une grande résistance à la fatigue, notamment pour avoir encore de l'énergie après la nuit blanche.
Je me posais déjà la question pour la CCC et la TDS, mais là c'est encore pire, est-ce que l'UTMB c'est encore de la course à pied ?
Cela m'a tellement interpellé que j'en ai parlé à mon entraineur qui m'a dit : "Pour moi, ce type de course est certainement trop extrême et trop éloigné ou hors normes par rapport à une appellation trail. De plus la gestion du sommeil, de la fatigue se rapproche plus de celle des marins (courses au large) et donc hors standard même du trail". Ces paroles m'ont rassuré - je ne suis pas le seul à penser cela.
Par ailleurs, au vu de mon expérience et de mon potentiel actuel, je pense qu'un 100 / 120 km est pour moi le maximum pour prendre du plaisir sur un trail de montagne, et que mon épreuve préférée, c'est le marathon. C'est le bon mix entre vitesse et durée (ça dure un peu et la vitesse n’est pas dégueulasse).
Enfin, je m'interroge également sur le succès de l'UTMB. Environ 1/3 des personnes ont abandonné en 2021 et 50% ont mis plus de 41 heures, et pourtant il est compliqué de s'y inscrire. Qu'est ce qui motive le coureur moyen du peloton ? J'ai du mal à croire qu'il s'agisse du plaisir pris en course. Est-ce la satisfaction d'avoir terminé ? Mais n'est-ce pas disproportionné par rapport à ce qu'il faut endurer ? Est-ce la production d'endorphine qui rend le corps totalement accro ?
Après un marathon, j'ai toujours une période de fatigue de 1 à 2 semaines, qui se traduit généralement par un week-end de glandouille totale.
Pour cet UTMB, cela a duré 6 semaines (!), et en plus, je suis tombé malade :-(. C'était vraiment impressionnant, je n'avais plus aucune énergie pour faire du sport le week-end alors que normalement c'est mon passe-temps favori. D'ailleurs, mon entraineur m'avait prévenu en m'indiquant que cela pouvait durer jusqu'à 2 mois.
Dans ce contexte, il n'y aura probablement pas d'autre compétition sur 2021, rendez-vous donc en 2022 !