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samedi 30 août 2014

Dans les secrets du tour de France

 
Billet pour l'essentiel écrit au moment de la sortie du livre en 2012, mais qui restait à finaliser. C'est chose faite. 

Cyrille Guimard fût « le » directeur sportif des années 80 : il avait l’œil pour repérer les futures stars, était un fin tacticien, et surtout il collectionnait les victoires. Aussi, appréciant écouter ses analyses à la radio, j’ai tout naturellement eu envie de lire son livre « Dans les secrets du Tour de France ». Il y raconte sa vie à travers sa carrière de cycliste, de directeur sportif, puis de consultant, et en filigrane, c’est l’évolution du cyclisme sur ces 40 dernières années qui est retracée.

Plusieurs passages m’on particulièrement marqué :

Sa volonté de réussir
Son envie de devenir pro était plus forte que tout : adolescent, il travaillait les week-ends jusqu’à l’épuisement pour se payer son vélo, et plus tard, il cumula entrainement et emploi salarié avec un job d'ouvrier sur les chantiers navals. Pour l'anecdote, travaillant à un rythme trop soutenu au goût de ses collègues, il avait même réussi à s'attirer les foudres des syndicats !

Ses talents de directeur sportif
Au vélo, être physiquement costaud est nécessaire mais pas suffisant pour gagner - réfléchir peut également servir - et dans ce domaine Guimard était très fort. Il se fait un plaisir à raconter la victoire de Van Impe au Tour de France 76, où son coup de bluff fonctionna à merveille.

L’orgueil de Bernard Hinault
Malgré leur différent qui a conduit au départ d’Hinault, on sent un profond respect de Guimard pour le blaireau, qu’il place d’ailleurs au dessus de Merckx. Mais surtout, on découvre à travers la description de Guimard une facette du breton que j’ignorais, celle d’un sportif à l’égo surdimensionné, qui quelque soit l’occasion, n’accepte pas de se faire dominer. Par analogie à Anquetil ou Armstrong, je me suis demandé s’il ne faut pas être un peu dérangé mentalement pour être un champion cycliste.

Sa relation avec Laurent Fignon
Le livre de Guimard est sa réponse à celui de Fignon (« Nous étions jeunes et insouciants »). Pour mémoire, leur collaboration a été très forte car Guimard a recruté Fignon comme néo-pro, puis ils ont gagné ensemble des grands tours (Tour de France 83, 84, Giro 89) tout en créant une équipe dont ils étaient co-propriétaires (Super U puis Casto). Dans son livre, Fignon mettait quelques tacles à Guimard, ce dernier ayant d’ailleurs attendu un certain temps avant de le lire. La réponse de Guimard est faite d’excuses mais le départ trop tôt de Fignon les aura empêché de se retrouver.

Par ailleurs, Guimard met quelques « taquets » tout au long de son livre, notamment à Eddy Merck pour son manque de charisme, et à Bernard Tapie à qui il reproche d’avoir utilisé le vélo uniquement pour accroitre sa notoriété.

dimanche 9 décembre 2012

My Time de Bradley Wiggins

De passage en Angleterre, je me suis procuré le dernier livre de Bradley Wiggins, « My Time ». Il ne s’agit pas d’une autobiographie, mais de son parcours depuis son arrivée chez Sky jusqu’à son année 2012 en or  (Victoires à Paris-Nice, au Tour de Romandie, au Critérium du Dauphiné, au Tour de France et au contre-la-montre des Jeux Olympiques !). Il y évoque tout ce qui a constitué son quotidien pendant ces 3 années et entre-autres son échec au Tour de France 2010, les évolutions dans son entrainement, sa relation avec Cavendish, son respect pour Sean Yates, son exaspération envers les accusations de dopage, ou encore les moments forts du Tour de France 2012.

Si vous n’êtes pas un inconditionnel de Wiggo, je ne conseille par particulièrement ce livre. La seule partie qui m’a vraiment intéressée est celle consacrée à son entrainement. Au-delà de vouloir démontrer que ses performances étaient bien « naturelles », on y apprend comment il s’entraine et notamment quel a été l’apport de Tim Kerrison. 

L'un des constats est que Wiggins est un adepte du capteur de puissance et n’hésite pas à donner des chiffres : lors du Tour 2012, il a par exemple grimpé la Planche des belles filles à plus de 460 watts, lors de ses camps d’entrainement à Ténérife, il faisait à 1.600m d'altitude des intervalles d’une minute à 550 watts puis 4 minutes à 400/440 watts, et re-550 watts pour une minute. Son plus gros TSS est de 450 lors de Paris-Roubaix 2011, respectivement 332 et 342 pour deux étapes du Tour 2012 dans les Pyrénées, et 350/360 pour les journées les plus dures à Ténérife. 

Concernant Tim Kerrison, pour mémoire, c’est un coach anglais issu de la natation et recruté par Sky. Son inexpérience du cyclisme lui donne un regard neuf et Wiggins relate que c’est lui qui a notamment introduit la récupération sur home-trainer, ou encore généralisé aux co-équipiers les stages en montagne. Plus important, Kerrison va reproduire ce qu’il faisait avec les nageurs, c'est-à-dire supprimer la traditionnelle coupure hivernale des cyclistes (concept de « reverse periodization »). C’est aussi lui qui va appuyer le choix de Wiggins de ne pas participer à beaucoup de courses pour mieux préparer le Tour. L’idée derrière cela n’est pas d’arriver avec plus de fraicheur, mais d’éviter un effet « désentrainement » lié à la compétition. Cela peut sembler surprenant mais Wiggins explique que dans une étape où il reste dans le peloton, sa puissance moyenne ne va pas dépasser les 190 watts et qu’il a donc plutôt intérêt à préférer un entrainement avec une charge de travail plus lourde.

A l’inverse, la partie la plus « boring » est celle consacrée au dopage, où excédé par les accusations, il va même jusqu’à écrire : « British is a country where doping is not morally acceptable ». Cette phrase caresse dans le sens du poil le rosbeef moyen, mais Wiggo a juste oublié que la lutte anti-dopage a été mise en place suite au décès de Tom Simpson (un anglais, s’il ne le savait pas) sur les pentes du Ventoux des suites d’une prise d’amphétamine.

dimanche 28 octobre 2012

Racing through the dark, the fall and rise of David Millar

En cette période de grand ménage (Armstrong déchu de ses 7 titres, Leipheimer remercié de chez Omega Pharma, Julich et Yates qui quittent Sky), le livre de David Millar « Racing through the dark » est très éloquent sur la culture du dopage de ces années de plomb du vélo.

Ce livre c’est l’histoire d’un coureur, David Millar, qui se retrouve confronté au dopage. Inflexible à ses débuts, il cède, puis se retrouve pris dans l’affaire Cofidis. Suspendu 2 ans, il effectue son come-back en 2006 tout en voulant se racheter de ses erreurs.

La première raison pour laquelle j’ai aimé ce livre est liée au questionnement qu’il induit chez le lecteur : à sa place, qu’aurais-je fait ? Millar était au début de sa carrière un coureur prometteur (victoire notamment au prologue du Tour de France 2000 devant Armstrong) mais qui refusait toute forme de dopage. Ce choix tout à son honneur le conduit à être totalement à la ramasse la première année (il ne termine pas la plupart des courses à étapes auxquelles il participe) et au mieux à une reconnaissance d’estime de ses pairs (« Putain, vous êtes premiers des propres ») mais pas à lutter à armes égales avec les autres coureurs. Finalement, Millar craquera un jour d’abandon sur le Tour de France 2001, où l’encadrement de son équipe su tirer profit de son état de faiblesse en lui proposant de se « préparer » pour la Vuelta.

Ce qui est également intéressant dans ce livre, c’est de décrire concrètement des pratiques dopantes. C’est ainsi que l’on découvre que son équipe propose de la cortisone à l’un de ses coureurs, c’est également un coéquipier qui tient des propos incohérents sous les effets d’une prise d’amphétamine, c’est aussi le va et vient des morceaux de glace dans les chambres d’hôtel pour assurer la conservation de l’EPO. Pour sa part, Millar n’hésite pas à rentrer dans les détails de son dopage, en racontant comment un de ses coéquipiers (a priori, Massimiliano Lelli) va l’initier à l’EPO, puis comment il va s’en fournir auprès du médecin de l’équipe Euskatel.

Ce qui m’a également plu, c’est l’attitude de Millar. Contrairement à beaucoup de dopés qui nient tout en bloc, il ne supportait plus d’avoir à mentir, et il n’a pas cherché à cacher la vérité mais bien au contraire, il s’en est servi pour aider son sport. Ah, si tous les ex-dopés pouvaient avoir le même comportement que lui…

Sur le fonds, la réponse de Millar au dopage renvoie principalement à l’attitude de l’encadrement de l’équipe, qui face au dopage ne doit jamais être équivoque. Pour schématiser, il oppose d’un coté des équipes comme Cofidis ou Saunier-Duval qui ne se positionnent pas clairement contre le dopage et qui ont connu différents déboires (affaire Cofidis, Ricardo Ricco, ….) et de l’autres celles comme Garmin ou Sky, cette dernière refusant par exemple d’embaucher toute personne mêlée de près ou de loin à des affaires de dopage (ce qui a d’ailleurs conduit son directeur, Dave Brailsford à ne pas pouvoir recruter Millar). 

Par ailleurs et comme c’est l’usage dans ce genre de livre, il y a quelques anecdotes croustillantes – j’en donne deux :

Le prologue du centenaire
Millar est très en forme pour le prologue du centenaire du tour de France (2003) et vise la victoire. Ses mécanos ont une idée pour réduire le poids de son vélo : supprimer le dérailleur avant. Sauf qu’un dérailleur avant, ça ne sert pas qu’à changer de plateau … cela permet aussi d’éviter de dérailler en cas de saut de chaine. Alors qu’il était en tête du prologue, ce qui était prévisible arriva … saut de chaine, déraillement, arrêts de plusieurs secondes et finalement une 2ème place à 2/10ème de seconde du vainqueur.

Les effets secondaires du Stilnox
Certains de ses équipiers chez Cofidis n’étaient pas que des dopés, ils étaient également des toxicos qui n’hésitaient pas à mélanger somnifère et alcool. Ce mélange a pour principal effet de faire perdre toute raison. Millar s’en est rendu compte lors d’une soirée où pour repartir, au lieu de prendre l’escalier, il décida de passer par la fenêtre …. et se cassa le talon.

Deux critiques sur le livre :
  • La première partie sur l’enfance de David Millar est sans grand intérêt. Il était nécessaire de connaitre ses origines, mais en plus court aurait été tout aussi efficace.  
  • Millar est très clément avec Armstrong (« I can’t say definitely if Lance doped or not ») : soit il est naïf, soit il ne voulait pas s’attirer les foudres de « The Boss » . La deuxième hypothèse est la plus probable surtout quand on connait la proximité de Millar avec d’anciens équipiers du Texan (Julich, Vaughters, …). Pas certain qu’il écrirait la même chose aujourd’hui. 
 NB : le livre n’a pas été à ce jour traduit en français, il n’est disponible qu’en anglais

jeudi 28 juin 2012

Pédale !

Un an après, Sofoot renouvelle l’expérience d’un hors-série consacré au vélo dont l’approche est comparable à celle de leur mensuel, c'est-à-dire parler avant tout des sportifs d’hier et d’aujourd’hui à travers petites et grandes histoires, sous forme d’articles et d’interviews. En un mot, si vous aimez Sofoot et le vélo, vous adorerez Pédale !

Ma short-list d’articles : Le portrait de David Moncoutié (où comment le potentiel n’est rien sans ambition), l’interview de Manolo Sainz (Ok, il n’est pas très fréquentable, mais son parcours et ses avis n’en sont pas moins intéressants), et la rétro consacrée aux Colombiens des années 80 (sexe, drogue et grimpette).

Mention spéciale à la photo en double page consacrée à Bernard Hinault donnant un coup de poing à un syndicaliste ayant eu le tort de bloquer la route lors d’un Paris-Nice.