Créée en 2014, l'OCC (Orsières-Champex-Chamonix) est la petite course de l'UTMB, ne faisant "que" 53 km et 3.300m de dénivelée positive. Le parcours est proche du final de l'UTMB et de la CCC sans être toutefois identique.
Pour moi, il s'agissait de la première participation à un trail de montagne et l'objectif était simple : découvrir l'épreuve de référence sur un format accessible, et voir si cela me donnerait envie de m'inscrire à la CCC en 2016.
Par ailleurs, j'ai profité d'être à Chamonix pour observer d'au plus près l'UTMB. Ce fût très plaisant et si vous êtes dans le coin, n'hésitez surtout pas à venir. Entre ça et les incontournables de Chamonix (aiguille du midi, mer de glace), il y a de quoi passer un moment agréable.
Ma non-préparation
Au moment de construire le calendrier 2015, j'avais prévu de reprendre la course à pied début juillet et ainsi me présenter à l'OCC avec près de 2 mois d'entrainement. Sauf qu'avec la canicule et mon mauvais résultat aux 3 Ballons, j'ai préféré rouler afin de me présenter au mieux à l'Etape du Tour. Et foutu pour foutu, je ne fais aucun tappering, bien au contraire.
La course
Pas trop mal placé au départ, j'évite le bouchon pour la première montée vers Champex. Par contre, c'est parfois bien pentu et je dois alterner marche et course.
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Pas trop mal placé au départ |
La Giète passée, arrive la première descente vers Trient et je me fais doubler par 3/4 coureurs, mais sans trop me faire distancer. Par contre, je ressens quelques douleurs à ma cheville gauche. Je l'ai légèrement foulée lors d'un entrainement récent, et sur ce sol instable où se mêlent pierres et racines, elle me fait systématiquement mal en cas d'appui trop marqué.
Deuxième montée vers Catogne et même scénario : je suis obligé de marcher, mais je double et personne ne me passe. Par contre, la deuxième descente, vers Vallorcine, va très mal se passer. Immédiatement, j'ai très mal à ma cheville gauche. Je descends très lentement et vais me faire doubler par près d'une vingtaine de coureurs. Obligé d'attaquer quasi-systématiquement pied droit pour ménager ma cheville gauche, je sur-sollicite mes quadriceps de ma jambe droite, si bien que je prends une contracture. Et pour couronner le tout, j'ai chopé un mal de ventre probablement lié à une très grande consommation d'eau de part la chaleur.
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Un de mes rares moments de course |
Arrivé au ravitaillement de Vallorcine, je suis à deux doigts d'abandonner, pensant à me préserver pour la marathon de Chicago. Probablement par orgueil, je refuse et me persuade de finir en marchant. Du coup, je me fais bien plaisir et m'empiffre de fromage, tuc, barres de céréales et coca. Avec tout ça dans le ventre, je suis obligé de repartir en marchant, le temps de digérer quelques peu. Pas de chance pour moi, la partie après le ravito est un faux plat montant où j'aurais pu courir. Argh .... Je m'attends d'ailleurs à me faire doubler par des wagons entiers de coureurs et finalement pas du tout, moins d'une dizaine de coureurs me passent entre Vallorcine et le col des Montets.
Nouvelle montée raide, et comme précédemment, j'arrive à reprendre des concurrents. Petite descente mais très technique, des coureurs me passent à nouveau. C'est ensuite la montée finale vers la Flégère, avec au ravito un superbe panorama sur notamment le Mont-Blanc et la vallée de Chamonix.
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Vue depuis La Flégère |
Dernière descente vers Chamonix, et dernières souffrances. Mes muscles n'en peuvent plus, ma cheville gauche me fait un peu moins mal mais je souffre terriblement des pieds, avec des échauffements qui conduiront à d'énormes ampoules sous chacun des gros orteils. Le dernier kilomètre dans Chamonix est l'un des moments les plus agréables de la course : c'est plat, donc j'arrive à envoyer de la vitesse, et les encouragements des spectateurs me font vraiment chaud au cœur.
Résultat & débriefing :
Je termine en 7:51:10 ce qui me fait 104ème sur 1.317. Avec de telles difficultés dans les descentes et une seconde partie de course aussi lente, je suis le premier surpris d'être dans le premier décile.
Ci-dessous figure une analyse par segment. On voit assez nettement que je me prends de gros écarts après Catogne.
Classement au fil de la course :
83ème à Champex
75ème à La Giète
76ème à Trient
73ème à Catogne
90ème à Vallorcine
95ème à la Flégère
104ème à Chamonix
Le spectacle de l'UTMB
J'ai pu observer cette course à 3 moments distincts :
(i) Au départ
La station s'arrête de vivre pour assister au départ, chacun cherche une place pour voir au mieux les coureurs. C'est aussi le meilleur moment pour comparer le physique des traileurs. Aucun morpho-type ne se dégage : il y a tout autant de coureurs légers que de coureurs musculeux. Certains ont même un peu d'embonpoint.
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1h30 avant le départ et malgré un soleil de plomb, des coureurs sont déjà au départ |
(ii) A Courmayeur : le passage des derniers concurrents
Les traileurs sont à peu près à mi-parcours à cet endroit et ils sortent de leur première nuit. La plupart marche, certains trottinent. Ils présentent des états de fatigue très différents : quelques uns semblent encore vaillants, alors que d'autres sont des zombies. J'en vois également quelques uns abandonner.
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Un coureur au ravito de Courmayeur |
(iii) A l'arrivée pour le podium homme
Xavier Thévenard arrive avec près de 50 minutes sur le 2ème et comme au départ, toute la station l'attend. Derrière, la bataille fait rage pour les places d'honneur, l'écart entre le 2ème, et le 4ème sera de moins de 3 minutes.
Par ailleurs, j'ai été surpris par le nombre important d'abandons (plus d'1/3), y compris chez les favoris avec notamment Amy Sproston (rencontrée en Ethiopie), Sébastien Chaigneau, Julien Chorier et Sage Canaday.
Deux anecdotes
(i) Rencontre avec Sage Canaday
J'étais venu à Chamonix avec ma maman et assis à la terrasse d'un café, elle me dit : "le coureur derrière toi est également avec sa maman". Je me retourne et découvre qu'il s'agit de ... Sage Canaday ! Je lui touche deux mots (comme moi, il a participé au marathon de Boston 2015) et il accepte de se faire prendre en photo.
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Sage Canaday à la terrasse d'un café de Chamonix |
(ii) Lampe frontale artisanale
La ligne d'arrivée de l'OCC franchie, je m'assois à la terrsase d'un café pour une bonne bière et discute avec deux concurrents de la CCC qui va partir le lendemain. Je leurs raconte que les descentes m'ont fait très mal et que cela me semble devoir être encore plus dur de nuit. L'un d'entre eux me répond qu'avec un bon éclairage, c'est gérable. Il ajoute qu'il fabrique lui même sa lampe à partir d'accus de PC, et qu'il n'y a pas mieux dans le commerce !
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Lampe frontale 100% fait maison |