L'arche d'arrivée du marathon |
Boston me voila. Après en avoir tant rêvé, j'ai enfin pris part à cette épreuve, qui constitue pour moi "le" marathon à courir au moins une fois dans sa vie de runner.
Les conditions météos furent difficiles, mais je suis content d'avoir amélioré mon meilleur temps, même si ce n'est que par le plus petit des écarts possibles.
En outre, je repars ravi de mes rencontres, tout aussi bien avec des anonymes que des coureurs aux parcours exceptionnels.
Fin de préparation
- Une fois de plus, le poids de forme n’est pas atteint, la faute notamment aux chocolats de Pâque et aux repas professionnels. Je suis presque 2kg au-dessus de mon poids au marathon de Berlin.
- Mes différents soucis de préparation se sont terminés par une sinusite la semaine précédent le marathon, avec les deux narines bouchées. Heureusement, tout rentrera dans l’ordre pour la course.
- Comme d’habitude lorsqu'une échéance se rapproche, je regarde la météo plusieurs fois par jour et ne loupe pour l'occasion aucun des bulletins de la très en formes Pamela Gardner. A priori, la pluie devrait arriver après le marathon.
Anecdotes de voyage
- Ma séance de déblocage a été effectuée dans l’aéroport de Francfort. Mon vol de correspondance est arrivé avec 1 heure de retard, et j’ai donc dû sprinter pour attraper le vol pour Boston. Par contre, ma valise n’a pas été aussi rapide et je ne l’ai récupéré que la veille du marathon.
- Pas de doute, l’avion est rempli de coureurs. Mon voisin, un danois, va tout comme moi participer à son premier marathon de Boston, et la passagère devant moi porte un sac à dos avec le sigle du marathon de New-York. Au passage de la douane, c’est encore plus flagrant avec une multitude de coureurs portant la veste officielle d'éditions précédentes.
L’avant course
La veille de la course, je profite d'aller retirer mon dossard pour me balader dans Boston et repérer les lieux. Au moment où je passe la ligne d'arrivée je croise ... Scott Jurek, légende vivante du trail. Il prendra part le lendemain au marathon, le bouclant en 2h47 - c'était un entrainement ?
Le village expo est un vrai traquenard. J’ai dû résister de toutes mes forces pour ne pas sortir ma carte bleue et également ne pas y laisser trop de jus. On y trouve tout et n'importe quoi, comme cette boisson énergétique de Clif au goût "margharita pizza" (!). J'ai également eu le plaisir de rencontrer Dick Hoyt du Team Hoyt, le fameux triathlète dont l'histoire a inspiré le film "de toutes nos forces" avec Jacques Gamblin.
Le magazine Runners World organisait des conférences dans le village expo. J’ai notamment assisté à celle avec 3 coureurs "hors norme" :
Le magazine Runners World organisait des conférences dans le village expo. J’ai notamment assisté à celle avec 3 coureurs "hors norme" :
- Ben Beach, 48 marathons de Boston à la suite en comptant l'édition 2015, qu'il boucle d'ailleurs en 5:43 (son PB est de 2:27) ;
- William Iffrig, 80 ans, mis à terre par la bombe de 2013 mais qui avait franchi la ligne d'arrivée, et au départ de cette édition 2015 (qu'il termine en 4:23) ;
- David Clarke, qui a accompli 4 fois le marathon de Boston 2015 en 24h (2 aller-retours depuis Boston, le 2ème retour effectué dans le cadre officiel du marathon en 5:53).
Mauvaise nouvelle, la pluie est annoncée pour tout ou partie de la course. Quelle tenue choisir ? J’opte pour un short (moins lourd qu'un collant une fois mouillée) et un combo t-shirt + manchettes.
La course
- Ma stratégie de course est évolutive, fonction des sensations et de la météo. Au départ, tout va bien, le profil est descendant, la pluie n'est pas encore là, et j'arrive à me protéger du vent en "draftant" les autres coureurs comme sur une cyclosportive.
- Les averses font leur apparition après environ 1 heure d'effort, et cela devient une autre course. Très rapidement, je sens un raidissement musculaire, particulièrement marqué à l'intérieur des cuisses. Toutefois, avec un premier semi bouclé en 1:27, je réalise que j'ai un petit matelas de sécurité pour réussir un "sub 3".
- Au moment d’aborder la série des 4 Newtons hills (du 25ème au 35ème km), j’ai encore en peu de jus, ce qui me permet de les franchir sans trop perdre de temps. D’ailleurs, pour la première fois de la course, je double plus que je ne suis doublé.
Copie d'écran d'une vidéo amateur postée sur youtube et dans laquelle je me suis reconnu (chaussettes jaunes) ! |
- La fin de course est descendante, mais avec des quadri en feu, cela fait encore plus mal. Je décline à compter du 35ème sans toutefois heurter le mur comme à Paris en 2013. Je réalise à 500 mètre de l’arrivée que le PB est jouable. Je m’arrache tant bien que mal sous une pluie battante et termine en 2:56:42, soit une seconde de mieux qu’à Berlin.
- Temps officiel : 2:56:42 ; classement général : 1 828 / 26 610 arrivants - classement homme : 1 732 / 14 588 arrivants ; 9ème Français.
Débriefing & anecdotes de course
- Ma stratégie de course aura été très différente des précédents marathons avec un départ plus rapide, mais vu la configuration de la course (bosses et mauvais temps dans le 2ème semi), c'était à mon sens le bon choix. Ce départ plus rapide se voit clairement dans le graphe ci-dessous montrant l’écart en minutes tout au long des 42 km par rapport à une allure pour faire 3h.
- En dehors des 4 Newton hills, il faut souligner que ce marathon n’est jamais plat, on est toujours en faux plat montant ou descendant. De ce fait, la gestion de course est très différente d'un marathon de Berlin où cela se résume à mettre le "cruise control" sur une fréquence cardiaque cible. A Boston, il est fréquent d'être au dessus ou en dessous de sa zone cible.
- Avec une préparation loin d’être idéale, un parcours exigeant et une météo difficile, j’arrive à améliorer d’une seconde mon PB. Cela doit m’inciter à viser plus haut pour la suite, un « sub 2:55 » semblant un objectif réaliste. Le principal facteur limitant aura ici été la « casse » musculaire, car coté FC, c'est plutôt resté dans des valeurs raisonnables, avec une FC moyenne de 155 bpm (c. 83% de ma FC max).
- Le niveau est le plus élevé que je n’ai jamais rencontré. Au total, ce sont plus de 2 600 coureurs qui terminent en moins de 3h, soit près de 10% des arrivants. A titre de comparaison, ce n'était que 4% à Berlin en 2014. Cette densité est d'ailleurs très marquante au départ : on croit que l'on va être bloqué par le mur de coureurs devant soi mais comme finalement tout le monde avance à la même vitesse, cela ne pose aucun problème.
- Les quelques bostoniens avec qui j’ai parlé m’ont indiqué que compte-tenu de la météo, il y avait moins de spectateurs que d’habitude. Pourtant, c’était une toute autre ambiance par rapport à Berlin ou Paris. Par contre, je ne me suis pas arrêté à Wellesley College.
- Rien à dire sur l'organisation, c'est très pro.
- Relevés Strava : https://www.strava.com/activities/289699293
Pour aller plus loin
Une sélection d'articles / vidéos autour du marathon :
- Toutes les stats et plus encore : runtri.com
- Galerie photos : competitor.com
- Portaits des 12 octogénaires au départ (373 marathons au compteur pour l'un de ces coureurs) : boston.com
- Vidéo de Ben Beach (48 marathon de Boston à la suite - j'adore le début où il ressort son carnet d'entrainement de 1968) : runnersworld.com