samedi 29 septembre 2018

Compte rendu | TDS 2018 : Top 50 !

Lorsque tu prends le départ d'une course pour laquelle 85 élites hommes sont inscrits, tu te doutes que le top 100 va être compliqué à atteindre. Mais quand finalement, tu termines 50ème, tu es forcément très très content ...

Au-delà de ce classement, j'ai eu la satisfaction pour ce 2ème ultra d'avoir mieux maîtriser ma course que lors de la CCC en 2016. Tout n'a pas été parfait, loin de là, mais je n'ai pas craqué en fin de parcours, et c'est une satisfaction.

Ce post n'est pas qu'un compte rendu de course, c'est aussi un retour d'expérience sur mon matériel, mon alimentation, le parcours ... des informations qui pourraient servir à tout futur participant.


L'avant course : à Courmayeur

J'ai fait le choix de passer la dernière nuit à Courmayeur pour deux raisons :
  • Maximiser le temps de sommeil, en évitant d'avoir à prendre la navette au départ de Chamonix, qui est très matinale (entre 3h30 et 4h30 ...) ;
  • Espérer une remise du dossard plus rapide qu'à Chamonix. Il y a effectivement moins de coureurs, mais comme il y a également moins de bénévoles, ce n'est pas non plus très rapide.
Vue depuis ma chambre d'hôtel, la veille de la course : pas mal ! 


Gestion de course : doit mieux faire

Le plan de course était simple, ne pas partir trop vite pour durer le plus longtemps. Et pourtant aussi simple soit-il, je ne l'ai pas respecté. Alors pourquoi ?

La première raison est liée à une erreur d'appréciation. J'ai eu l'impression au départ d'être englué dans le peloton, et ayant peur de me faire bloquer après le col Checrouit, je suis parti un peu plus vite et je n'ai pas ralenti ensuite. 

La deuxième raison est liée à mon orgueil. N'étant pas fort en descente, j'aurais du accepter de me faire doubler dans la longue redescente vers Bourg Saint-Maurice. Sauf que mon esprit de compétition a parlé et j'ai cherché à m'accrocher aux coureurs avec qui j'étais.

Sans surprise, c'est après ce passage que j'ai eu un gros coup de moins bien. Je me suis fait passer par pas mal de monde dans la montée du Cormet du Roselend, alors que c'est normalement quand ça grimpe que je suis le plus à l'aise. Le mental a également dévissé, et des idées d'abandon m'ont traversé l'esprit.

Après un repos salvateur au Cormet, j'ai géré le reste du parcours avec les moyens du bord et c'est finalement cette partie que j'ai préférée. Mon rythme était lent, c'était dur physiquement, je me suis pris un orage de grêle, mais j'ai ressenti à ce moment là une sorte de satisfaction dans ma capacité à continuer d'avancer malgré l'adversité.

Au final, je suis en progrès par rapport à mes précédentes courses de l'UTMB. Cela se voit notamment lorsque l'on compare mes temps à ceux des vainqueurs, comme l'indique le graphique ci-dessous.



En termes de récupération post-effort, j'ai été agréablement surpris de ne souffrir d'aucune courbature, même si bien sûr, les jambes étaient très fatiguées. C'est finalement lorsque j'ai repris la course, deux semaines plus tard, que j'ai eu des problèmes, mais ça, j'y reviendrai dans un prochain post.


Analyse du classement : merci les abandons

Il y avait 85 coureurs élites hommes inscrits, c'est à dire avec une côte ITRA supérieure à 750 (contre 681 pour moi ...), j'ai donc été très surpris de terminer 50ème. En analysant les chiffres, on s’aperçoit que sur les 85 élites :
  • 14 n’ont pas pris le départ ;
  • 34 ont abandonné (soit quasiment la moitié des partants !) ;
  • 9 ont terminé derrière moi ;
  • 28 ont terminé devant moi ;
Je remercie donc tous ces élites pour leurs abandons qui m'offrent mon premier (et probablement dernier) "Top 50" sur une course de l'UTMB.

Par ailleurs, lorsqu'on regarde mon classement au fil de l'épreuve, on a faussement l'impression que j'ai doublé des concurrents tout au long du parcours. En réalité, ce sont principalement les abandons de coureurs devant moi qui expliquent cette progression.

Le graphique ci-dessous reprend d'une part mon classement officiel (trait plein) et, d'autre part, mon classement retraité des coureurs ayant abandonnés. Ainsi, lorsque je passe en 130ème position au col Checrouit, je suis en fait 74ème des finishers, car parmi les 129 coureurs passés avant moi, 56 vont abandonner.

C'est le trait en pointillé qui reflète le mieux ma course, avec comme expliqué précédemment une mauvaise passe après Bourg Saint-Maurice, qui ne se voit pas dans le classement officiel mais bien dans celui retraité des abandons où je rétrograde de la 43ème à la 51ème place.



In fine, je termine donc 50ème sur 1.329 finishers et c. 1.800 partants. En termes de chrono, je finis en 17h54 soit également mieux qu'espéré, même s'il est vrai que le parcours de repli était plus rapide.


Parcours : vive la reco !

J'étais tout content d'avoir reconnu la quasi intégralité du tracé, lorsque la veille de la course, un changement de parcours fut annoncé par SMS pour risque d'orage. Je reste néanmoins convaincu que la reconnaissance du parcours est vraiment une bonne chose, avec au moins deux avantages :
  • C'est un confort mental car on évolue sur un terrain que l'on a déjà pratiqué, il n'y a pas de mauvaises surprises. Ça n'a l'air de rien mais c'est un vrai plus. Cela permet aussi de mieux gérer son effort, car il n'est pas toujours facile de se rendre compte de la difficulté d'une pente juste en regardant son profil ; 
  • Un autre intérêt est d'identifier les points d'eau en plus des ravitaillements officiels. La tendance actuelle étant de courir avec des flasques d'une contenance moindre qu'un camelbak, cela peut être utile pour ne pas se retrouver en panne sèche. 

S'il y a trois points d'eau à connaitre en particulier sur la TDS, ce sont les suivants :
  • Un bâtiment juste avant la passerelle d'Alpetta (29ème km). Ce point d'eau est situé 15km après le ravito du lac Combal et en s'y arrêtant, on a l'assurance de tenir jusqu'au Petit Saint- Bernard situé 7km après. Il s'agit d'un abreuvoir collé à la bâtisse, qui elle-même est au bord du chemin sur la gauche, il est impossible de la manquer ;
  • Au Fort de la Platte (57ème km). Ce n'est que 5km après Bourg-Saint-Maurice, mais la montée est très difficile et sans ombre, si bien qu'un arrêt n'est pas superflu. Le fort est inloupable et en plus d'un robinet d'eau, ses occupants vendent des boissons ;
  • Au hameau de la Gitte (75ème km). Ce point d'eau est situé sur la gauche du chemin qui traverse le hameau (photo ci-dessous) avec le tuyau placé à l'intérieur de l'abreuvoir. Placé après le col de la Sauce, ce tuyau permet de refaire le plein juste avant le col de la Gitte.

Le point d'eau du hameau de la Gitte


Sur le parcours en lui même, je pense que les deux difficultés les plus marquantes sont le passeur de Pralognan et le col de Tricot :
  • Le passeur de Pralognan a été supprimé cette année compte-tenu du risque d'orage, néanmoins pour l'avoir reconnu, c'est une montée longue et particulièrement raide sur le début, et sans ombre la majeure partie. Aussi, le début de sa descente est particulièrement technique ; 
  • Le col du Tricot n'est pas long mais bien raid, un peu dans le même style que Tête aux Vents sur la CCC et l'UTMB. Placé en bout de parcours, cette montée finit de vous achever. 

Le chemin du curé : magnifique pour les yeux, et un peu plus dur pour les jambes

En termes de beauté des paysages, j'ai particulièrement apprécié la section qui va du Cormet de Roselend au col du Joly. C'est la partie la plus sauvage, et les écarts avec les autres coureurs étant fait, on est seul ou presque, ce qui donne le sentiment d'être "into the wild". Il y a plus particulièrement le chemin du curé (juste avant le hameau de la Gitte) qui est magnifique et dont une photo figure ci-dessus.

Pour ceux qui voudraient l'analyse du parcours par un pro, Ugo Ferrai (4ème de la TDS 2016) a fait un podcast, disponible ici.


Alimentation : c'est pas encore ça

J'ai voulu bien faire en prenant des barres protéinées afin d'équilibrer les apports en macro-nutriments. Sauf que celles testées à l'entrainement avait une saveur différente de celles utilisées en course, et ces dernières m'ont très vite écœuré. De même, les barres amandes de chez Gerblé me dégoûtaient après 10 heures de course. Finalement, j'ai carburé au pain et au fromage à partir de la mi-course. Pas très digeste, mais au moins, je pouvais manger.

Par contre, la bonne surprise est venue des compotes de fruit en flasque. C'est la première fois que j'essayais en course et c'est passé tout seul. Le seul reproche concerne leur poids un peu élevé et qui limite le nombre pouvant être emporté dans le sac. Cette TDS a également permis de valider la crème de budwig comme "repas" lors des points d'assistance (j'avais juste remplacé le yogourt par de la compote).

Pour la prochaine fois, j'ai bien envie de tester des pommes de terre cuites à la vapeur.


Equipement : le bon choix

Les conditions de course ont confirmé mon post précédent, et la nécessité d'adapter son matériel aux conditions climatiques. En vue des orages annoncés, j'ai pris dès Bourg Saint-Maurice ma "grosse" veste de pluie. C'était effectivement un peu plus lourd à porter, mais lorsque l'orage de grêle est arrivé, j'étais vraiment bien avec, alors qu'au même moment des coureurs avec leur veste "light" se réfugiaient sous la tente des organisateurs.

Pour le reste :
  • Je suis désormais totalement convaincu de l'apport des bâtons. On ne va pas plus vite avec, mais on s'économise, ce qui compte-tenu de la longueur de l'épreuve, n'est pas un luxe ;
  • Pour la première fois, j'ai changé de chaussures en cours de course. Conjugué à un changement de chaussettes et à un "nokage" des pieds, cela apporte un petit confort en plus.


Quelques rencontres au fil de la course

J'ai rencontré quelques coureurs que je connaissais : 
  • David Krommenacker : lors de ma reconnaissance du parcours, j'ai dormi dans son hôtel des Contamines et par hasard je l'ai reconnu en tout début de parcours. Malheureusement, il abandonnera au Cormet ;
  • Vincent Delebarre : vainqueur de l'UTMB en 2004, c'est également lui qui animait le stage de préparation auquel j'ai participé. Pour cette TDS, il était dans un jour "sans", et à ma grande surprise, je l'ai dépassé dans la première montée. Il termine 367ème ;
  • Juri Schiliro : vainqueur du trail du Gypaète 2018 sur le 53 km, il m'avait doublé lors de cette course, alors que pour ma part j'évoluais sur le 72 km. Coureur très sympathique, nous avions discuté après la course. Je l'ai doublé peu avant le col Checrouit et pas de chance il abandonnera au Col du Joly ;
  • Michael Ormiston : cet Australien est une fusée en descente et m'avait littéralement déposé au Gran Trail Courmayeur dans l'ultime pente du parcours. Nous nous sommes reconnus en début de course et nous avons évolué ensemble à différents moments du parcours. J'ai finalement pu prendre ma revanche, il termine derrière moi (58ème).

L’après course : profiter !

L'avantage de la TDS, c'est qu'il s'agit de la première des courses de l'UTMB, ce qui permet de suivre les autres sans stress.

Ayant suivi la préparation finale d'Ugo Ferrari à travers son podcast, j'avais très envie d'aller le supporter. Je l'ai vu au ravito de Vallorcine, où il n'était pas au mieux. In fine, il termine 29ème.

Ugo Ferrari à Vallorcine, il était au bout de sa vie

Julien Chorier (qui a d'ailleurs terminé 9ème de la TDS) était venu présenter son grand tour de  Tarentaise (295 km !) à travers un film d'une trentaine de minutes, suivi d'un échange avec le public. Par curiosité, j'y suis allé.