dimanche 9 mars 2014

Bilan 2013 des marathons en France

Le magazine VO2 fait figurer dans son calendrier-guide des courses un bilan détaillé des marathons 2013 en France. Une analyse de ces chiffres permet d'en tirer quelques enseignements repris ci-dessous.
 
La participation, les épreuves 

54 marathons ont été organisés en 2013 en France et dans les DOM-TOM. En termes de participation, cela représente un peu moins de cent mille personnes soit environ 0,2% de la population française. En outre, et par comparaison aux 6 millions de français qui déclarent courir plus ou moins régulièrement, c'est finalement peu.

Sur ces 100 000 coureurs, environ 40% ont pris part au marathon de Paris (38 140 arrivants). L’épreuve de la capitale constitue donc bien le rendez-vous incontournable du calendrier hexagonal. Par comparaison avec d’autres grands marathons étrangers, il est devant Londres (34 280) et Berlin (36 474) mais derrière New-York (50 062 !).
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Les autres marathons majeurs du calendrier hexagonal (5 000 participants ou plus) sont le Médoc, Nice-Cannes et La Rochelle. Suivent ensuite des marathons soit de capitales régionales (Toulouse, Nantes, ...) soit à forte identité (Annecy, Mont Saint-Michel).
 
A l'extrême opposé, il existe quelques micros marathons avec moins de 100 finishers, comme Forges-les-Eaux, la Voulte-sur-Rhône, Tarbes, Ajaccio, ou encore celui Aulus-les-Bains. Ce dernier avec seulement 25 finishers peut-être qualifié de « plus petit marathon de France ». Mais pas de mépris de ma part, car comme le dit à juste titre Serge Cottereau, que l'on court à Albi ou New-York, un marathon fait toujours 42,195 km. On peut même se demander pourquoi le marathon de Paris attire autant de personnes quand on sait que les derniers partants mettent plus de 40 minutes pour simplement franchir la ligne de départ !  
 
Temps des vainqueurs 
 
On remarque une corrélation entre taille des marathons et temps des vainqueurs. Les temps les plus rapides ont été réalisés à Paris (vainqueurs homme et femme en respectivement 2:05 et 2:23) et les plus lents à Aulus-les-Bains (vainqueurs homme et femme en respectivement 2:56 et 4:03). Précisons que le temps du vainqueur à Paris n'est "que" la 13ème meilleure performance mondiale 2013, à plus de deux minutes du record du monde de Kipsang établi à Berlin (2:03:23).
 
Deux raisons permettent à mon sens d’expliquer ce retrait de Paris par rapport aux autres grands marathons :
(i) Le parcours qui n’est pas aussi plat qu’à Berlin. Des efforts ont néanmoins étaient faits et ce parcours a notamment permis à Benoit Z d’y égaler en 2003 le record d’Europe d’Antonio Pinto (2:06:36) ;
(ii) Une dotation limitée ce qui de facto réduit son attractivité envers les coureurs africains. La prime du vainqueur est de 50.000€ à Paris contre 200.000$ à Dubai.
 
Le graphe ci-après synthétise les temps des vainqueurs hommes pour l’ensemble des marathons français disputés en 2013.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Les 10 temps en moins de 2:15 ont été réalisés sur les épreuves les plus fréquentées, et par des coureurs africains ou originaires de ce continent. Ce constat n’est pas surprenant quand on sait qu’au niveau mondial, les 50 meilleurs temps sur marathon en 2013 ont été établis uniquement par des Kenyans ou des Ethiopiens.

On s’aperçoit également que plus de la moitié des marathons français se gagnent en plus de 2:30:00. Ce constat souligne à mon sens le no-mans land qui existe sur marathon entre le haut niveau mondial (moins de 2:20:00) et la masse des coureurs qui arrive à partir de 2:45:00. Entre les deux se trouve un petit nombre de coureurs dont le potentiel est suffisant pour gagner bon nombre de marathons mais encore très loin de l’élite mondiale. Pour le dire autrement, ces coureurs sont plus rapides que 99,99% de la population mais ne seront jamais en mesure de battre le 0,01% devant eux, tellement l’écart de performance est important.

Moins de 3h
 
Le choix de cette limite horaire est très arbitraire, il a été fait en fonction mon niveau ! 2 970 runners ont terminés en 2013 en moins de 3h, soit 3,1% des arrivants.
 
En valeur absolue, c'est bien évidemment Paris qui est premier avec 930 coureurs (soit 2,4% des arrivants), suivi de la Rochelle (263 coureurs, 5,3%) et Toulouse (235 coureurs, 6,7%). Pour ce dernier, l'organisation des championnats de France 2013 explique en partie ce bon chiffre (154  coureurs sous les 3h en 2012).
 
En valeur relative, deux marathons se détachent : Orléans et Val-de-Reuil avec respectivement 9,7% (35 coureurs) et 9,0% (58 coureurs) des arrivants sous les 3h. Ces deux marathons ont d'ailleurs le même slogan "le marathon de votre record", grâce dans les deux cas à un parcours favorable à la performance.
 
A l'opposé, on trouve notamment Millau (0,3%)  et le Médoc (0,6%), ce qui au vue des caractéristiques de ces deux épreuves n'est pas une surprise.
 
Pour comparaison avec les grands marathons internationaux, le pourcentage sous les 3 heures était en 2013 de 3,9% à Londres (1 333 coureurs), 4,1% à Berlin (1 479) et 1,5% à New-York (775).