dimanche 9 décembre 2012

My Time de Bradley Wiggins

De passage en Angleterre, je me suis procuré le dernier livre de Bradley Wiggins, « My Time ». Il ne s’agit pas d’une autobiographie, mais de son parcours depuis son arrivée chez Sky jusqu’à son année 2012 en or  (Victoires à Paris-Nice, au Tour de Romandie, au Critérium du Dauphiné, au Tour de France et au contre-la-montre des Jeux Olympiques !). Il y évoque tout ce qui a constitué son quotidien pendant ces 3 années et entre-autres son échec au Tour de France 2010, les évolutions dans son entrainement, sa relation avec Cavendish, son respect pour Sean Yates, son exaspération envers les accusations de dopage, ou encore les moments forts du Tour de France 2012.

Si vous n’êtes pas un inconditionnel de Wiggo, je ne conseille par particulièrement ce livre. La seule partie qui m’a vraiment intéressée est celle consacrée à son entrainement. Au-delà de vouloir démontrer que ses performances étaient bien « naturelles », on y apprend comment il s’entraine et notamment quel a été l’apport de Tim Kerrison. 

L'un des constats est que Wiggins est un adepte du capteur de puissance et n’hésite pas à donner des chiffres : lors du Tour 2012, il a par exemple grimpé la Planche des belles filles à plus de 460 watts, lors de ses camps d’entrainement à Ténérife, il faisait à 1.600m d'altitude des intervalles d’une minute à 550 watts puis 4 minutes à 400/440 watts, et re-550 watts pour une minute. Son plus gros TSS est de 450 lors de Paris-Roubaix 2011, respectivement 332 et 342 pour deux étapes du Tour 2012 dans les Pyrénées, et 350/360 pour les journées les plus dures à Ténérife. 

Concernant Tim Kerrison, pour mémoire, c’est un coach anglais issu de la natation et recruté par Sky. Son inexpérience du cyclisme lui donne un regard neuf et Wiggins relate que c’est lui qui a notamment introduit la récupération sur home-trainer, ou encore généralisé aux co-équipiers les stages en montagne. Plus important, Kerrison va reproduire ce qu’il faisait avec les nageurs, c'est-à-dire supprimer la traditionnelle coupure hivernale des cyclistes (concept de « reverse periodization »). C’est aussi lui qui va appuyer le choix de Wiggins de ne pas participer à beaucoup de courses pour mieux préparer le Tour. L’idée derrière cela n’est pas d’arriver avec plus de fraicheur, mais d’éviter un effet « désentrainement » lié à la compétition. Cela peut sembler surprenant mais Wiggins explique que dans une étape où il reste dans le peloton, sa puissance moyenne ne va pas dépasser les 190 watts et qu’il a donc plutôt intérêt à préférer un entrainement avec une charge de travail plus lourde.

A l’inverse, la partie la plus « boring » est celle consacrée au dopage, où excédé par les accusations, il va même jusqu’à écrire : « British is a country where doping is not morally acceptable ». Cette phrase caresse dans le sens du poil le rosbeef moyen, mais Wiggo a juste oublié que la lutte anti-dopage a été mise en place suite au décès de Tom Simpson (un anglais, s’il ne le savait pas) sur les pentes du Ventoux des suites d’une prise d’amphétamine.