Après un séjour en 2013 au HATC d'Iten au Kenya (compte-rendu ici), je viens de passer deux semaines à Yaya Village en Ethiopie. Pour ceux qui hésiteraient entre ces deux destinations, ils trouveront ci-dessous mes impressions pour les aider dans leurs choix.
Pour ceux qui ne connaissent ni le HATC ni Yaya Village, leur concept est similaire, il s'agit de lieux d'hébergement et d'entrainement en altitude là où s'entrainent les meilleurs coureurs africains. Les deux lieux s'appuient sur la notoriété d'un grand athlète avec Lornah Kiplagat pour le HATC et Haile Gebreselassie pour Yaya Village.
Yaya Village s'appuie sur la notoriété de l'un de ses propriétaires : Haile Gebreselassie |
Accès
Yaya Village est très facile d'accès : il se situe à environ 30 minutes de l'aéroport de la capitale Addis Abbeba, et la navette est comprise dans le prix de l'hébergement (dès lors que l'on reste au moins 3 nuits).
Vue sur Addis Abbeba |
Prestations
Le HATC est conçu pour les athlètes, les conditions d'hébergement sont donc simples mais tout à fait acceptables. Yaya Village vise une clientèle plus large, avec également des touristes et des événements d'un jour (mariage, réception ...) et les chambres sont d'un niveau supérieur.
Dans les deux cas :
Ma chambre à Yaya Village |
- Il s'agit de lieux à taille humaine avec une vingtaine de chambres à Yaya et dans le même ordre de grandeur au HATC ;
- Un accès internet en WIFI est disponible mais attention il ne marche pas tout le temps !
A l'intérieur de Yaya Village |
Prix
Pour une chambre en single, j'ai payé 45€ par jour au HATC et 75$ à Yaya. Dans les deux cas, il s'agit de formule quasi "all included" :
- Au HATC, l'eau n'est pas comprise, toutefois le coût additionnel est limité ;
- A Yaya, les extras tels que les consommations en dehors des repas ne sont pas inclues (mais pas chères du tout).
Conditions d'entrainement
Il s'agit de lieux d'entrainement en altitude, Yaya (2750m) étant un peu plus haut que le HATC (2350m). En termes d'équipement, les deux ont une salle de sport et un sauna par contre seul le HATC a une piscine. En outre, des coachs et masseurs sont à votre disposition dans les deux lieux (massage payant).
A l'extérieur, le réseau de chemins est beaucoup plus dense autour du HATC et il y avait à l'époque une piste d'athlétisme en cendrée accessible à tous (Kamariny Stadium). Depuis, une piste synthétique a ouvert. A Yaya, il y a un chemin faisant une boucle de 400 mètres à l'intérieur du site, mais ce n'est pas du tout plat. La seule piste d'athlé à proximité est celle détenue par Kenenisa Bekele dont l'accès est payant (Bekele possède un complexe comparable à celui de Yaya se situant juste à coté).
Par contre, il y a tout autour de Yaya des champs et des bois qui sont très agréables à courir avec un sol recouvert d'herbes comme si l'on courait sur une pelouse géante.
Petite digression : lorsque je vois les terrains d'entrainement des Kenyans et des Ethiopiens, je me dis qu'ils pourraient faire un malheur en trail, au moins sur les courtes distances. D'ailleurs, Michel Delore avait abordé le sujet sur son blog (post ici), et je suis tout à fait d'accord avec sa conclusion : c'est la meilleure dotation financière des épreuves sur route qui les conduit à ignorer le trail.
Athlètes
J'ai rencontré plus d'athlètes de haut niveau au HATC qu'à Yaya, mais c'est aussi une question de chance. A Yaya, j'ai notamment rencontré :
- Amy Sproston, championne du monde du 100 km en 2012 (pour son blog, c'est ici) - j'ai eu l'honneur de diner avec elle ;
- Joseph Kibur, copropriétaire de Yaya Village avec Haile Gebreselassie et qui a participé à différents championnats du monde d'athlétisme dans les années 90 sous les couleurs du Canada ;
- Eleni Gebrehiwot, d'origine éthiopienne et naturalisée allemande, elle court le marathon en moins de 2h30 (pour son site, c'est ici)
J'ai même pu courir avec les deux derniers. Pour Eleni, c'était une sortie de récupération, mais pour moi c'était déjà un rythme soutenu ! A l'extérieur, la densité de coureurs m'a semblé sensiblement plus importante à Iten.
Que ce soit à Yaya Village ou au HATC, n'espérez pas forcément rencontrer Haile Gebreselassie ou Lornah Kiplagat car ils ne passent que très ponctuellement. Pour ma part, je n'ai vu ni l'un ni l'autre.
Langues
Dans les deux cas, vos interlocuteurs parlent anglais. Toutefois, le niveau est sensiblement meilleur au Kenya (qui est une ancienne colonie anglaise).
La langue locale en Ethiopie est l'amharique (avec un alphabet spécifique) dont le seul mot que j'ai retenu est celui pour décrire l'homme blanc : ferengi (vs muzungu en swahili au Kenya).
La langue locale en Ethiopie est l'amharique (avec un alphabet spécifique) dont le seul mot que j'ai retenu est celui pour décrire l'homme blanc : ferengi (vs muzungu en swahili au Kenya).
Tourisme
Pour ceux qui souhaitent faire un peu de tourisme :
- Au HATC, un safari est proposé mais ne l'ayant pas fait, je n'ai pas d'avis ;
- A Yaya, il est facile de se rendre à Addis Abeba pour une visite à la journée. Je l'ai fait et sans être exceptionnel, ça permet de découvrir l'histoire de l'Ethiopie, à la fois berceau de l'humanité (les os de Lucy sont exposés au National Museum) et fier de son histoire récente (c'est le seul pays avec le Liberia à n'avoir jamais été colonisé, ils ont notamment réussi à repousser les Italiens en 1896 à Adwa).
La fameuse Lucy de nos livres d'histoire |
Mon avis
Pas d'avis tranché mais plutôt une réponse de normand où chacun trouvera sa réponse selon ses critères :
- D'un point de vue conditions d'entrainement, je dirais que les deux se valent ;
- Concernant les prestations, Yaya est mieux mais ce n'est pas forcément un sujet pour des vacances sportives (ce n'est pas le club Med que l'on cherche !) ;
- En termes d'ambiance, Iten reste La Mecque avec son histoire et sa densité d'athlètes ;
- Compte-tenu des temps de transports, Yaya convient mieux à des séjours courts.