samedi 13 décembre 2014

Compte rendu | SaintéLyon 2014

Quelle course ! Cela faisait un an que je rêvais de pouvoir m'aligner sur la "vrai" Sainté après l'expérience de la SaintéSprint en 2013, et j’ai beaucoup aimé. De surcroit, le résultat me satisfait pleinement.
Je ne peux qu'insister sur le côté unique de cette course, qui mérite d'être courue au moins une fois dans une vie de runner. Pour faire un parallèle avec le vélo, je dirais que la Sainté est un mix de Paris-Roubaix et de Liège-Bastogne-Liège. La similitude avec l’enfer du nord se retrouve dans l’alternance route / chemin, et la succession de montées / descentes rappelle la classique ardennaise.
Coté résultat, il fut totalement inespéré, aussi bien par rapport à ma forme du moment (contre-performance récente au semi-marathon de St-Denis) que par rapport à ce que je considère être mon potentiel de coureur. Sans tourner autour du pot, je termine en 6h53, soit 65ème sur c. 5 500 partants / 5 000 arrivants.

L'avant-course



  • A la remise des dossards, je découvre intrigué que c’est le dossard 94 qui m’a été attribué - Mais pourquoi donc un si petit numéro ?
  • Plutôt que d'attendre le départ à minuit dans le parc des expositions et ses faux airs de camping sauvage, j'ai fait mon petit bourgeois en patientant dans une chambre d'hôtel du Formule1 de St Etienne ;
  • Il pleut pas mal sur St-Etienne vers 21-22h et je stresse d'effectuer la course sous l’eau. Finalement, la pluie cessera vers 23h - ouf ! 

La course



  • Cette année, le départ s’effectue par vague. La première est calibrée pour 1 000 coureurs et concerne ceux qui visent moins de 7h00 (au passage, c'est complètement incohérent car seulement 44 coureurs en 2013 ont terminé dans de ce temps). 
  • Ma stratégie de course est super simple : être facile le plus longtemps possible, ne surtout pas partir trop vite. Le départ est donné et les premières sensations sont bonnes - je me sens à l’aise au niveau cardio et passe les premières montées sans difficulté quand certains à côté de moi donnent déjà l'impression de taper dedans.
  • Alors que le peloton est relativement compact lors des premiers kilomètres sur le bitume, un éparpillement se produit dès les premières portions de chemin. Je me retrouverai même complétement seul à différents moments de la nuit, me croyant alors égaré. 
  • Peu de neige et pas de verglas comme en 2013, mais par contre beaucoup de boue. Pas forcément un problème, sauf dans les descentes en sous-bois avec des pierres apparentes et très peu d'accroche. Mes années de course d'orientation me sont alors bien utiles.
  • A l’entrée du ravito de Ste Catherine (km 27), j’entends le speaker annoncer que 123 concurrents sont déjà passés – je réalise que je suis donc dans les 150 premiers ce qui me surprend. Mais je me sens bien et continue sur le même rythme.


  • A St Genoux (km 38), on m’annonce que je suis 76ème et j’en suis presque terrorisé. Je me dis alors que je suis parti beaucoup trop vite, que je vais le payer très cher en reculant sensiblement au classement.
  • C’est à partir du 40ème que je vais commencer à décliner. Pas de mur comme au marathon, mais plutôt une sensation de fatigue musculaire qui va progressivement me conduire à aller moins vite. En outre, après une première alerte à la cheville droite, je me tords la cheville gauche au km 45 au point de me demander quelques instants si je vais pouvoir repartir. 
  • A Soucieu en Jarrest (km 49), il est un peu plus de 4:30 du matin et je commence à vraiment souffrir, sauf que je me rends compte que les moins de 7h sont envisageables, ce qui - sur le moment - me rebooste totalement.
  • Lors de cette dernière partie du parcours, je me fais passer par pas mal de monde et le réflexe est le même à chaque fois : regarder la couleur du dossard du coureur. Ouf, presque tout le temps il s’agit de concurrents de l’épreuve en relais, le top 100 reste donc jouable.
  • Mes deux chevilles me font désormais terriblement mal dans les descentes et c’est d’ailleurs là que je me fais le plus souvent doubler. C’est d’autant plus rageant que je suis encore bien dans les montées, arrivant à reprendre des concurrents.


  • A Chaponost (km 60), je calcule que je dois courir les douze derniers kilomètres en 1h20 maximum pour terminer en moins de 7h. Ca peut le faire, ça doit le faire ! Pour les 5 dernier km, je suis les yeux rivés sur ma montre. Je passe l’indication du dernier km et comprends que c’est gagné – yeah ! Je coupe la ligne après 6h53 d’effort et suis affiché 66ème (classement officiel : 65ème).



Deux anecdotes :
  • Juste après le premier ravito de Saint Christo, j'entends dans une montée un coureur avec un bruit de respiration digne d'un sanglier (je vous laisse imaginer). Je me retourne et découvre qu'il s'agit de ... Maud Gobert, déjà vainqueur à trois reprises et qui gagnera cette édition 2014. Elle déclarera avoir été prise de maux de ventre en début de course et pensait abandonner à Saint Christo. Je peux confirmer qu'elle n'était pas au mieux à ce moment-là !
  • L’expression « la nuit tous les chats sont gris » s’est vérifiée pour moi. J’ai eu l’impression à différents moments de repasser sur les mêmes chemins forestiers, de revoir les mêmes flaques d’eau. Ca m’a tellement travaillé l'esprit que je me suis même demandé si je n’étais pas en train de faire une boucle et qu’au lieu de faire les 72 km officiels, j’allais devoir faire beaucoup plus ! 

Analyse de la performance 

J'ai essayé de rationnaliser ma performance et les raisons qui expliquent ce résultat sont à mon sens : 
  • Mes qualités de coureur, plus basées sur l'endurance que sur la vitesse ;
  • Mon passé de course d'orientation, qui m’a permis d’être à l'aise dans les parties techniques alors qu’il ne s’agissait que de mon 3ème trail ;
  • Les conditions météos froides et sèches, qui m’ont bien convenu ;
  • Une "grosse" motivation.
En termes d’axes d’amélioration, gagner en puissance musculaire devrait me permettre de mieux terminer.

Je me suis livré à une petite analyse en comparant secteur par secteur mes vitesses de course à trois autres coureurs : Manu Gault (2ème homme), son amie Sylvaine Cussot (2ème femme) et le bloggeur Greg Runner.



On constate assez nettement que Manu Gault et Sissi Cussot arrivent tous les deux à ré-accélérer après le secteur de St Genoux, alors que pour ma part, je suis en perte de vitesse tout au long de la course. A mon sens, cela traduit ma découverte de la distance avec probablement un départ trop rapide (notamment sur le 2ème tronçon, où comparativement ma vitesse baisse moins) et mes soucis de chevilles qui m’ont fait perdre du temps sur la fin de parcours.  

L'après-course

  • J'ai été très surpris, mais je n'ai pas réussi à dormir à l'issue de la course. Était-ce l'excitation ? C'est d'autant plus surprenant que j'ai d'habitude beaucoup de mal à lutter contre le sommeil lorsque je suis exténué physiquement ;
  • Il m’est difficile de dire si je suis plus ou moins cassé qu’après un marathon. J’ai l’impression d’être moins cassé musculairement, mais plus au niveau articulaire ;
  • J’ai clairement apprécié cette course et je compte bien y revenir, mais probablement pas l’année prochaine compte tenu du calendrier envisagé (post à venir) ;
  •  2 points UTMB de gagnés, mais a priori, ils ne seront jamais utilisés. D’ailleurs, vu mon état après 72 km, mais qu’est-ce que cela peut être après 170 km ?
  •  Le programme jusqu’à la fin de l’année est simple : repos, repos et encore repos. Le prochain grand rendez-vous sera le marathon de Boston le 20 avril 2015.  

L'équipement

Je reviens sur deux équipements qui me semblent importants sur une Sainté : les chaussures et l’éclairage.
  • Le choix des chaussures est compliqué avec le mix de routes et chemins, et c’est nécessairement un compromis. Pour cette édition boueuse, une bonne accroche était primordiale et mes Mizuno Mujin ont rempli leur mission. A l’inverse, elles n’étaient pas le meilleur choix pour la dernière partie du parcours où des chaussures typées routes sont préférables. Dans une organisation idéale, il faudrait changer de chaussures ;
  • Coté éclairage, j’avais opté pour une Petzl Tikka 2 Plus qui m’avait donné pleine satisfaction sur la SaintéSprint. Mais cette année, j'ai découvert des coureurs qui disposaient de lampes dignes de phares de voiture. Quand on court à côté d'eux c'est très appréciable, mais quand on les quitte, on y voit plus rien, l'œil s'étant habitué à cette plus grande luminosité ! Avec la fatigue, on voit de moins en moins bien dans l’obscurité et ces lampes « surpuissantes » apportent un confort de vision appréciable.  
Pour finir, une remarque aux organisateurs. Ils indiquent plusieurs équipement obligatoires et pourtant lorsque je vois les premiers, j’ai du mal à croire qu’ils emmènent tout cela dans leur si petit sac.